Toute la vie de Marco Dupont tourne autour du Fola, dont il est le speaker depuis plus de trente ans.
Marco Dupont est un enfant. Un enfant de 72 ans, mais un enfant quand même. Il suffit de le voir s’agiter dans sa cabine du stade Emile-Mayrisch, un dimanche sur deux, pour en être certain. Le gag dont le public eschois ne se lasse pas, c’est de voir Marco devenir tout rouge, ouvrir la porte de cette boîte à chaussures qui fait office de tribune de presse, et envoyer son verbe fleuri aux oreilles de l’arbitre. « Il n’y a qu’une fois où j’avais oublié d’éteindre le micro. Le reste du temps, je prends soin de sortir de la cabine. Et quand j’en sors, je redeviens un supporter comme un autre », explique-t-il.
Après plus de vingt années à animer les meetings d’athlétisme du CA Fola, Marco a embrayé, en 2006, sur le CS Fola, sa section football, parce que « le foot est plus convivial que l’athlétisme. Les joueurs serrent tous la main, Modi a droit à la bise… » Modi, c’est Marie-Thérèse, femme de, ancienne secrétaire chez Total. Au Galgenberg, Marco et Modi font partie des meubles. Mardi dernier, ils reçoivent d’ailleurs à la buvette du club. Pour tout dire, aucun centimètre du stade Emile-Mayrisch n’est étranger au couple.
Les deux tourtereaux s’y rendent « quasiment tous les jours ». Marco fait alors les cent pas, essaie de ralentir le temps en marchant le plus lentement possible, et fume son cigare cubain quotidien. À 72 ans, il ne pouvait décemment pas se retrouver ailleurs qu’au Fola, là où tout avait déjà commencé.
Marco est le fils de Christine, mère au foyer italienne et de Robert, gardien de but des Roud Léiwen (10 sélections entre 1929 et 1932) et qui a fait toute sa carrière au Fola. Il parle encore de ce père avec des étoiles dans les yeux. Il est d’ailleurs venu à notre rendez-vous avec une épaisse enveloppe qui cachait quelques trésors de famille : des articles de l’époque d’un match contre la France B parus dans L’Équipe, où les journalistes utilisaient des termes élogieux pour évoquer le match du paternel.
Quand il raccroche les gants, Robert Dupont garde sa petite notoriété à Esch. Du coup, Marco est un enfant heureux : « Il m’emmenait au stade puis dans les bistrots d’Esch pour l’après-match. Il était la vedette dans le café. Moi, j’avais le droit à mon sirop de framboise. »
Retrouvez l’intégralité du portrait du jeudi de notre journaliste Matthieu Pécot dans le Quotidien papier.