Marc Theisen, ex-patron du COSL et avocat d’affaires de 60 ans fondateur de Theisen Law, cabinet spécialisé entre autres dans la finance islamique, s’envole aujourd’hui pour les Jeux européens de Bakou.
Si la chevelure ne compte pas un reflet blanc, la silhouette s’est quant à elle arrondie. La faute, croit-on, à un agenda chargé et un manque d’activité physique certain. Ne pas y voir cependant de lien. «On a toujours le temps», glisse placidement le flegmatique Marc Theisen, cinq participations à l’ING semi-marathon («en moins de 2 heures») au compteur, qui passe une partie de sa vie à courir le (grand) monde. De retour jeudi dernier des JPEE d’Islande, l’ex-patron du Comité olympique et sportif luxembourgeois (1999-2012), s’envolera aujourd’hui pour l’Azerbaïdjan et ses Jeux européens.
C’est qu’à 60 ans, il est encore membre du comité exécutif des Comités olympiques européens (EOC) mais aussi membre de l’Association des comités nationaux olympiques (ACNO), au sein de laquelle il ne représente ni plus ni moins que l’Europe.
Vendredi dernier. Installé à l’ombre sur la terrasse de la Coquille, bar de la Coque, et alors que le mercure avoisine les 35 °C, Marc Theisen revient sur son parcours. Une carrière faite de plaidoiries. Un jeu, un besoin devenu rapidement un gagne-pain. Un exercice dont il se délecte. «C’est l’essence même du métier d’avocat.»
Une gouaille héritée de Roger, le paternel, ancien employé de l’ARBED et président de la Fédération des employés privés (FEP). C’est auprès de lui qu’il apprend les toutes premières ficelles du métier. «C’était un homme public, j’admirais ce qu’il faisait.» À 15 ans, membre de la section jeunesse du DP que présidera bien plus tard Xavier Bettel (1994-2002), il descend «comme 40 000 autres», dans la rue pour réclamer entre autres «le salaire minimum et la semaine à 40 heures». Pas de quoi en faire un activiste forcené. D’ailleurs, celui qui fut plus tard échevin de la commune de Dippach souligne son désir de «ne jamais (se) figer dans une structure et une logique de parti».
S’il ne dévoile pas sa couleur politique, il estime que la consultation du peuple le week-end dernier relève de la «faute politique». «On organise un référendum lorsqu’il n’y a pas une grande contestation», dit-il tout en ajoutant : «Les trois questions posées auraient dû être tranchées par le gouvernement lui-même.»
À l’adolescence, lors de pièces de théâtre dirigées par la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), il peaufine son jeu de scène et son élocution. Volubile, Theisen possède une empreinte vocale, légèrement éraillée, reconnaissable entre mille. Admis le 18 février 1981 au barreau de Luxembourg, il fonde en 1990 avec Pierrot Schiltz leur propre cabinet. En 2008, le parquet de Luxembourg ouvre une enquête pour «fraude fiscale et escroquerie» durant la période 1999-2004.
Le Lëtzebuerger Land révèle que le tandem est alors soupçonné de s’être aménagé quelque «800 000 euros d’avantage fiscaux». Une information judiciaire est ouverte en février 2011. «L’étude a subi un contrôle fiscal qui a permis de révéler que certaines choses n’étaient pas comme elles devaient être, déclare-t-il aujourd’hui.
Mais bon, je ne veux pas réveiller des loups dormants…» L’affaire, pas encore examinée par la justice, ne sied guère à un homme de loi qui, un an plus tard, quittera le COSL dont il occupait la présidence depuis 1999. «J’avais peur de nuire, de par un éventuel amalgame, à l’institution que je représentais…»
Charles Michel
Retrouvez l’intégralité du portrait dans Le Quotidien papier de ce jeudi.