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Le « James Bond allemand » jugé pour une fraude fiscale géante


Werner Mauss, à l'origine détective privé, a effectué pour le compte du gouvernement allemand de multiples missions liées notamment à la libération d'otages. (Photo AFP)

Werner Mauss, un ex-agent de 76 ans surnommé le « James Bond allemand » par la presse, comparaît à partir de lundi devant la justice allemande pour avoir soustrait quelque 15 millions d’euros au fisc, des accusations que l’ancien espion réfute en bloc.

Le procès s’est ouvert en milieu de matinée devant le tribunal de Bochum (ouest). Le Parquet lui reproche d’avoir placé d’importantes sommes d’argent dans des fondations enregistrées sous un faux nom à l’étranger, notamment aux Bahamas, selon l’agence de presse allemande DPA. Au total, il lui est reproché une fraude fiscale de plus de 15 millions d’euros entre 2002 et 2013, des faits que l’ancien espion réfute, rapporte DPA.

La défense de Mauss, théoriquement tenu au secret en tant qu’ancien agent qui a opéré pour le compte de la police et des renseignements allemands, assure que l’espion n’a fait qu’administrer les sommes placées dans ces fondations dont les objectifs étaient purement humanitaires, niant toute existence d’un compte bancaire caché. Il encourt jusqu’à dix ans de prison.

L’agriculteur devenu « expert en criminalité »

Qualifié par la presse allemande de « James Bond allemand », Werner Mauss, à l’origine détective privé, a effectué pour le compte du gouvernement allemand de multiples missions liées notamment à la libération d’otages. Lors de sa carrière, il a ainsi eu affaire « avec des terroristes, des juntes, des cartels de la drogue et des rebelles », selon DPA. L’activité controversée de celui qui se présente sur son site internet comme un « agriculteur diplômé » reconverti en « expert en criminalité », a été abondamment commentée en Allemagne, faisant notamment l’objet de multiples articles de presse. Werner Mauss a affirmé à DPA avoir passé au printemps dernier « quatre jours en Amérique du Sud à dos de mulet pour obtenir la libération d’otages ». Sur son site internet, il dit avoir aidé « au démantèlement de plus de cent associations criminelles et à l’arrestation d’environ 2 000 personnes ».

Selon les quotidiens allemands Handelsblatt et Süddeutsche Zeitung, les enquêteurs du fisc sont parvenus jusqu’à Mauss via un CD de données bancaires, acheté en 2012 par l’État régional de Rhénanie du Nord-Westphalie à un lanceur d’alerte de la banque suisse UBS. Son nom avait été cité dans les « Panama Papers », mais Werner Mauss avait déjà à l’époque réfuté toute fraude fiscale.

Le Quotidien/AFP