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Le G20 s’oppose aux États-Unis sur le commerce et le climat


(Illustration : AFP)

Les ministres des Finances des pays du G20 continuaient de batailler samedi matin pour tenter d’empêcher les Etats-Unis de faire reculer la doctrine mondiale sur le libre-échange et la lutte contre le changement climatique.

La déclaration finale de ces grands argentiers des plus grosses économies du monde est attendue samedi en milieu d’après-midi, en principe, à la clôture de cette première réunion multilatérale d’importance pour la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

Deux sujets sensibles: la doctrine libre-échangiste du G20, car Donald Trump n’est pas hostile au protectionisme, un mot honni pour le G20, et la lutte contre le réchauffement climatique, car le président américain a multiplié les prises de position climato-sceptiques. Chaque mot, chaque écart de ce communiqué par rapport aux précédents ou à la doctrine officielle du G20 sera analysé comme un «effet Donald Trump» sur la gouvernance mondiale définie par ce groupe des pays les plus puissants du monde.

«Le projet de communiqué est terminé, à part la phrase sur le commerce, pour laquelle on voit bien qu’il y a, sur la question du respect des règles dans le commerce international, une divergence de fond à ce stade entre les États-Unis» et les autres pays attachés au multilatéralisme, a indiqué samedi matin une source proche des négociations, après une soirée de négociation des sherpas, ces conseillers de haut vol des ministres. Du coup, la formulation retenue dans le communiqué final n’est pas encore arrêtée. «Peut être rien, peut être une phrase résumant les points d’accord. On verra», a précisé cette source.

Discorde

Sur les autres sujets récurrents du G20, la réaffirmation de certaines positions a fait d’emblée consensus: la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, la lutte contre l’optimisation fiscale, ont déclaré depuis vendredi plusieurs sources. Une source européenne a reconnu à la délégation américaine «une volonté de négocier» et non de tourner le dos brusquement au G20. Les débats ne sont pas hostiles, emportés, mais posés et politiques, selon différentes sources.

L’autre pomme de discorde est la lutte contre le réchauffement climatique, mentionnée l’année dernière quand la Chine était présidente du G20. Les États-Unis ne veulent pas de référence à l’accord de Paris de 2015. M. Trump a clairement une position climato-sceptique. Jeudi, son administration a présenté un projet de budget fédéral sabrant les fonds consacrés à la lutte contre le réchauffement climatique.

A Baden-Baden, «il n’y aura rien dans le communiqué. Constat de désaccord en effet. Les États-Unis disent que sur ce sujet la position n’est pas du tout arrêtée â Washington et qu’ils ont besoin de temps», résume la source samedi matin. Mais si aucun terrain d’entente ne parvient à être trouvé sur les points litigieux, il n’est pas exclu que les ministres des Finances bottent tout simplement en touche, laissant trancher les chefs d’Etat et de gouvernement. Le sommet du G20 est prévu en juillet à Hambourg (Allemagne).

«Il n’y aura pas de recul sur des sujets fondamentaux», a affirmé vendredi le ministre français Michel Sapin. Quitte à laisser cette rencontre dans la bucolique station thermale de Baden-Baden se terminer sur le plus petit dénominateur commun possible. L’Allemagne, à la tête du G20 cette année, veut éviter tout clash sur le devant de la scène. Depuis le début de la rencontre à Baden-Baden vendredi, son ministre des Finances Wolfgang Schäuble se dit «confiant» en la possibilité d’atteindre un «bon résultat».

Il n’empêche que le fossé entre les positions américaines et leurs homologues est réel. Le premier contact à Washington entre Donald Trump et la chancelière Angela Merkel vendredi n’a pas masqué de nettes divergences, même si le président américain a contesté l’idée qu’il puisse être «isolationniste».

Le Quotidien/AFP