Le FMI a adressé lundi un message d’encouragement à la future administration Trump en faisant le pari que son plan de relance budgétaire allait doper l’économie américaine, tout en mettant en garde contre toute tentation « protectionniste ».
À cinq jours de l’entrée en fonctions de Donald Trump, la première économie mondiale voit ainsi ses prévisions de croissance relevées de 0,1 point cette année (+2,3%) et, surtout, de 0,4 point en 2018 (+2,5%) par rapport aux projections publiées il y a trois mois, selon un rapport du Fonds monétaire international sur la conjoncture mondiale.
Ce regain d’optimisme tient principalement à « la relance budgétaire » annoncée par le président élu Donald Trump qui s’est engagé à investir massivement dans les infrastructures, note l’institution, tout en soulignant l' »incertitude » entourant encore son programme économique.
Le FMI se montre plus mesuré concernant le reste du globe pour lequel il laisse inchangées ses prévisions (+3,4% cette année; +3,6% en 2018) même s’il envisage une accélération encore plus forte si la relance aux Etats-Unis s’avérait plus « large » qu’envisagée.
Pour l’heure, M. Trump a promis un plan dans les infrastructures de plus de 500 milliards de dollars et peut compter sur un Congrès entièrement contrôlé par les républicains.
L’optimisme du Fonds tranche en tout cas avec la prudence de la Banque mondiale qui avait, la semaine dernière, abaissé ses prévisions de croissance mondiale face à « l’incertitude » américaine.
Le FMI, dont les Etats-Unis sont le premier actionnaire, adresse toutefois une mise en garde à la future administration américaine en pointant les risques d’entraves au commerce mondial.
« Des restrictions accrues sur le commerce mondial et les migrations affecteraient la productivité et les revenus et, aurait, un impact négatif immédiat sur la confiance des investisseurs », estime le FMI.
Le président élu américain a menacé de représailles commerciales le Mexique et la Chine tout en s’en prenant aux multinationales qui délocalisent leurs usines hors des Etats-Unis.
Cible privilégiée, le Mexique semble déjà en pâtir, avec une prévision de croissance sabrée de 0,6 point en 2017 comme en 2018, selon le FMI.
L’avertissement du FMI peut également s’adresser au Royaume-Uni qui s’apprête à négocier sa sortie de l’Union européenne et a déjà promis de serrer la vis sur l’immigration.
L’institution, qui avait prédit de sombres lendemains en cas de vote favorable au Brexit, a toutefois dû corriger sa copie lundi en relevant nettement sa prévision de croissance britannique cette année (+0,4 point, à 1,5%). « La demande intérieure a mieux résisté que prévu », concède le FMI. La prévision britannique est en revanche abaissée pour 2018 (-0,3 point).
La zone euro devrait faire mieux que prévu en progressant de 1,6%.
Sur le papier, les voyants sont également au vert pour la Chine, dont la prévision de croissance est nettement revue à la hausse cette année (+0,3 point, à 6,5%), portée là encore par le soutien économique du gouvernement.
Mais des inquiétudes demeurent sur la deuxième économie mondiale: le poids de la relance publique couplée à l’expansion « rapide » du crédit et aux problèmes de solvabilité des entreprises augmentent les risques de « ralentissement brutal » et « d’ajustement désordonné », prévient le FMI.
Autre géant des marchés émergents, l’Inde devrait, elle, pâtir de sa décision surprise en novembre de démonétiser quelque 24 milliards de billets de banque afin de lutter contre la fraude.
Le FMI prévoit ainsi une croissance indienne plus faible cette année (-0,4 point) en raison du « choc sur la consommation » créé par « des pénuries de liquidités et des perturbations dans les paiements ». Et, comme prévu, le Brésil et la Russie devraient sortir en 2017 de deux années consécutives de récession.
Pénalisée par la chute mondiale des cours des matières premières, l’Afrique sub-saharienne voit ses perspectives de croissance revues à la baisse, à 2,8%, même si les pays pétroliers devraient profiter de la hausse attendue des cours du brut.
Plus généralement, le FMI prévient que les risques que la croissance mondiale déçoive ses attentes sont « élevés », citant notamment le renchérissement du coût du financement des Etats, la « faiblesse » de certains bilans bancaires en zone euro et les risques « d’aggravation des tensions géopolitique ».
Le Quotidien / AFP