Le gouvernement allemand craint que les manquements techniques à répétition du programme d’avions militaire A400M d’Airbus menacent le déploiement opérationnel de ces appareils, selon des extraits d’un rapport divulgués mardi.
« Vu le sous-financement du programme et les réclamations de dédommagements à attendre vu les retards de livraison, Airbus ne fera pas les investissements nécessaires pour effectuer les améliorations requises », selon ce rapport confidentiel du ministère allemand de la Défense. « L’utilisation opérationnelle de l’avion est en conséquence en danger », est-il ajouté.
Programme militaire le plus ambitieux jamais lancé en Europe, l’A400M connaît d’importants surcoûts et retards. Sept pays (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Luxembourg, Royaume-Uni et Turquie) ont commandé des avions en 2003, mais la première livraison n’a eu lieu qu’en 2013, quatre ans après la date prévue. Sur la cinquantaine commandée par l’Allemagne, seuls huit ont été reçus en 2016, mais des problèmes techniques et des manquements ont été relevés. Pour ces raisons, « ces avions ne pourront pas, à un horizon prévisible, présenter les capacités techniques essentielles, ou seulement un peu », selon un autre extrait du rapport allemand. En conséquence, l’armée allemande craint de manquer de capacités de transport militaire après 2021, quand sa flotte actuelle d’avions Transall sera devenue trop vieille.
« Des solutions » à trouver
Interrogée, une porte-parole du ministère allemande de la Défense s’est refusée à tout commentaire sur ce rapport confidentiel. « L’A400M montre aujourd’hui dans une utilisation quotidienne, que c’est un avion performant. Le fait qu’il ne puisse pas encore faire tout ce qu’il devait selon le contrat est quelque chose de connu », a-t-elle affirmé, ajoutant que « il était clair que le constructeur est dans l’obligation de trouver des solutions ».
De son côté, un porte-parole d’Airbus a lui assuré que « le programme A400M avait fait des progrès significatifs sur l’année passée dans les domaines des aspects défensifs et du déploiement de parachutistes ». Équipé de quatre turbopropulseurs, l’A400M doit permettre le transport jusqu’à 37 tonnes sur 3 300 kilomètres, se poser sur des terrains non préparés comme le sable, avec à son bord des blindés ou des hélicoptères, larguer des parachutistes ou ravitailler des hélicoptères en vol.
Le Quotidien/AFP