Zlatan Ibrahimovic a marmonné un « pays de merde » qui a chatouillé la France, dimanche à l’issue d’un match du Paris SG. Les sportifs sont les mieux placés pour analyser la situation.
Les sportifs volent globalement au secours d’Ibrahimovic. (Photo : AFP)
Parce qu’il s’appelle Zlatan Ibrahimovic et que ses mots sont disséqués comme une souris de laboratoire, le mouvement d’humeur du Suédois du Paris Saint-Germain, ce week-end, mérite d’être étudié. Il dit en tout cas une chose de la France : qu’il n’y avait visiblement pas beaucoup d’actualité dans le pays, pour qu’une phrase lâchée par un joueur de foot en colère, sur le chemin des vestiaires (mais volée par une caméra), fasse la une de tous les journaux, affole les réseaux sociaux et émeut une classe politique toujours aussi habile pour donner des leçons dans ce type de cas.
Qui de mieux que trois sportifs professionnels ou anciens pros luxembourgeois, ainsi qu’un étranger qui évolue au Grand-Duché, pour juger cet épisode ? Promis, ensuite, on n’en parlera plus jamais.
> Mario Mutsch (footballeur au FC Saint-Gall). « Si j’avais dit ça, tout le monde aurait ri »
« On connaît Zlatan. C’est quelqu’un qui aime faire le show. Ce qu’il dit n’est évidemment pas contre le pays. Il s’est mal exprimé dans la colère, mais il ne faut pas oublier que c’est quelqu’un de très ambitieux. La moindre défaite peut le rendre fou. Pour moi, cette histoire a fait trop de bruit. En France, en Allemagne ou en Suisse, les médias sont toujours contents quand il y a la moindre phrase qu’ils peuvent exploiter. Ils condamnent ces paroles, mais sont très contents qu’elles existent. Je pense que lui est assez costaud pour se remettre de ça. Quand j’y pense, je me dis que si j’avais dit ça quand je jouais à Metz, tout le monde aurait ri parce que je ne suis personne.
Le problème des gens hyper médiatisés, c’est que toutes leurs phrases sont analysées. C’est pareil avec les hommes politiques. C’est en partie pour ça que ça me gêne de voir ces gens-là se payer Zlatan. Ils sont bien placés pour savoir que des mots peuvent sortir sans qu’il faille pour autant en déduire des choses. Dans un pays comme la France, on fait de grandes vagues avec une petite vague. J’ai même vu que (Marine) Le Pen y était allée de son commentaire. Je ne connais pas Ibrahimovic personnellement, mais je sais que c’est un mec qui assume ses mots. Or, là, il a tout de suite expliqué qu’il s’excusait et qu’il ne visait pas la France. Si ça avait été l’inverse, il l’aurait dit, c’est aussi simple que ça. »
> Tom Flammang (cycliste dans l’équipe française Cofidis de 2000 à 2003). « Pas une bonne image »
« La première chose que j’ai envie de dire, c’est que ça dépend du statut et de la notoriété du sportif en question. Moi, lorsque j’évoluais chez Cofidis, j’étais jeune et timide et je pense que j’étais un gentil garçon. J’étais d’ailleurs respecté pour ça. Il ne me serait jamais venu à l’idée de critiquer mon équipe, ni le pays où était basée l’équipe. Pourtant, bien sûr qu’à des moments, j’aurais pu revendiquer un meilleur traitement dans certains cas. Par exemple, j’étais assez rapide mais on ne m’emmenait que très rarement. Mais le jour où j’aurais pu m’emporter le plus, c’était avant de passer pro, alors que j’étais junior. J’avais remporté une course de l’autre côté de la frontière, à Yutz. Et au moment de la remise des prix, je n’ai rien reçu.
Les commissaires avaient inventé le fait que j’avais un tour de retard sur mes adversaires. Ce qui était faux. Malgré ça, je suis resté calme, même si je m’étais alors promis de ne pas revenir courir en France. En ce qui concerne Ibrahimovic, il a réagi à chaud. Tout le monde sait bien qu’à chaud, on raconte des conneries. Il a une pression terrible sur les épaules. Le match de Ligue des champions entre le PSG et Chelsea m’a marqué, je me suis alors dit qu’il y avait franchement de quoi perdre ses nerfs. Après Zlatan Ibrahimovic est un grand garçon, et il doit savoir qu’il doit éviter de s’exprimer à chaud. Le sport devrait dans l’idéal inspirer humilité et tolérance. Les sportifs devraient toujours rester les pieds sur terre. Là, c’est tout l’inverse. Cela ne donne pas une bonne image. »
Le Quotidien Sport
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