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Le Bayern écrase la Bundesliga, au risque de la tuer


Arjen Robben. (photo AFP)

Bien parti à encore 14 journées de la fin pour décrocher un cinquième titre de champion d’Allemagne d’affilée, le Bayern Munich écrase ses concurrents au risque de tuer l’intérêt de la Bundesliga au moment où elle cherche à mieux s’exporter.

« Rideau sur la Bundesliga », titre dimanche le grand quotidien de Munich Süddeutsche Zeitung au terme de la 20e journée, qui a vu le club bavarois augmenter son avance à sept points sur son plus proche poursuivant, Leipzig, et surtout à quinze points sur le club considéré comme son plus grand rival, Dortmund.

« La fanfare et les confettis peuvent déjà arriver sur scène car il n’y a plus vraiment d’autres scénario vraisemblable : le Bayern va à nouveau devenir champion cette saison », et accroître son record de titres consécutifs, ajoute le journal.

Cela devient désormais une habitude depuis la saison 2012-13. Quand arrive le mois de février, les jeux sont de facto faits, même s’il faut encore attendre le printemps pour que le titre soit arithmétiquement décerné.

« Nous sommes ravis, la journée de championnat a été formidable pour nous », a exulté samedi le président exécutif du club, Karl-Heinz Rummenigge.

Et pourtant le Bayern joue mal

Le plus étonnant est que, de l’avis général, le club munichois, à l’aune des saisons précédentes, joue mal cette année sous la houlette de son nouvel entraîneur italien Carlo Ancelotti, qui a repris le flambeau de Pep Guardiola parti à Manchester City.

Ancelotti n’a pas encore réussi à imposer sa marque durant cette saison de transition et le Bayern enchaîne depuis la reprise victoires étriquées ou matches nuls. Samedi contre un mal-classé, Ingolstadt, les Munichois n’ont dû leur salut qu’à deux buts en toute fin de match.

L’équipe hésite encore à s’affranchir du système « machine à passes » imprimé par Guardiola en son temps, basé sur la conservation du ballon, et à opter pour le jeu plus vertical souhaité en début de saison par le coach italien.

Signe de ces atermoiements: l’attaquant vedette Thomas Müller n’a marqué qu’un but en championnat cette saison, contre 20 lors de la saison complète précédente.

Mais dans le même temps, les Munichois profitent des mauvais résultats de leurs concurrents. Tous les poursuivants immédiats ont perdu samedi: Leipzig, Dortmund, Francfort ou encore le Herta Berlin. Une aubaine pour le Bayern.

Pique de Mourinho

L’entraîneur de Manchester United José Mourinho s’est permis au début du mois une pique à l’égard du Bayern, jugeant que le championnat anglais était autrement plus difficile que la Bundesliga.

« Ce n’est pas l’Allemagne ici. En Allemagne, le Bayern Munich commence à gagner le championnat dès l’été », a-t-il raillé, en moquant la stratégie du club consistant à aller acheter les meilleurs joueurs de son grand concurrent Dortmund pour l’affaiblir.

« Chaque année, ils achètent le meilleur joueur de leur rival, une année c’est (Robert) Lewandowski, l’autre c’est (Mario) Götze, et la suivante c’est (Mats) Hummels », a-t-il lancé.

L’enchaînement des titres nationaux pour le Bayern pourrait finir par se retourner contre lui si la tendance perdure, en tuant l’intérêt du championnat allemand. Et ce au moment où le club bavarois et la Bundesliga toute entière cherchent à rattraper leur retard sur l’Angleterre ou l’Espagne en matière de revenus internationaux.

Un titre déjà joué presque chaque année en faveur du quatrième club le plus riche au monde, avec 591 millions d’euros de revenus annuels en 2015-16, n’est pas un argument de vente très porteur.

« Si le Bayern Munich gagne 10 ou 15 titres d’affilée alors cela deviendra un problème mais nous n’en sommes pas encore là », veut croire le directeur de la Ligue allemande de football (DFL), Christian Seifert.

« L’écart entre le Bayern et ses poursuivants existe », a-t-il indiqué récemment à quelques journalistes dont l’AFP, « mais je pense qu’il va se réduire ».

Le Quotidien / AFP