Le nom du cabinet d’avocats de Philippe Penning, avocat d’Antoine Deltour, apparaît comme « intermédiaire » dans au moins 47 sociétés enregistrées notamment au Panama, aux îles Vierges britanniques ou aux Seychelles. Gênant.
Lors du procès LuxLeaks, Me Philippe Penning avait fait du scandale de l’évasion fiscale l’argument numéro 1 de sa plaidoirie pour une relaxe de son client, le lanceur d’alerte Antoine Deltour. Il est donc plutôt gênant de retrouver son nom associé aux Panama Papers, même si cela n’est pas vraiment étonnant vu le nombre impressionnant d’intermédiaires luxembourgeois présents dans ce « business » de la fraude fiscale organisée.
Le nom du cabinet Penning-Schiltz-Wurth apparait ainsi comme « intermédiaire » pour au moins quarante-sept sociétés, enregistrées notamment au Panama, aux îles Vierges britanniques ou aux Seychelles. Information révélée le 9 mai dans les médias, à la suite de la publication en ligne d’une partie des Panama Papers par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Dans un communiqué publié le 11 mai, Me Penning avait rejeté la responsabilité de ces sociétés sur les « autres membres de [son] étude ». Il certifiait lui-même n’avoir « jamais créé, acheté ou détenu une quelconque société de droit panaméen à titre personnel », ni obtenu « aucun mandat social ou autre fonction en relation avec une société panaméenne ».
Administrateur, directeur ou mandataire d’au moins huit sociétés offshore
Des affirmations pas vraiment exactes, rectifie ce mercredi 18 mai le journal Le Monde, qui dispose de la totalité des Panama Papers (échanges de mails notamment). Le journal révèle ainsi que l’avocat d’Antoine Deltour « a bien été directement impliqué dans des sociétés offshore, enregistrées dans d’autres paradis fiscaux que le Panama ». Son nom est ainsi cité comme « administrateur », « directeur » ou « power of attorney » (mandataire) d’au moins huit sociétés enregistrées avec l’aide de Mossack Fonseca, indique Le Monde.
Le quotidien affirme que Philippe Penning a par exemple été directeur de Nice One Limited, active aux Seychelles entre 2003 et 2005, ou de Kronos, enregistrée aux Bahamas entre 1998 et 2001, mais aussi qu’il a été mandataire de Nostromo, « discrète propriété d’un patron français », créée en 1998 aux îles Vierges britanniques, puis transférée au Luxembourg en 2011.
Interrogé par Le Monde, l’avocat convient finalement qu’il a eu des mandats dans des juridictions offshore, même s’il affirme « n’avoir aucun souvenir » de Nice One, que Kronos « n’a jamais eu d’activité commerciale » et qu’il n’a « jamais fait usage » de sa procuration chez Nostromo.
Philippe Penning, poursuit Le Monde, a également été administrateur de European Wine Trading entre 2000 et 2010, une filiale luxembourgeoise directe de Kettman Portfolio Inc., transférée des îles Vierges britanniques à Panama en 2010 et qui servait au Français Marcel Hermann, riche ex-patron du groupe de cliniques privées MédiPôle Partenaires. « Je n’ai rien à voir avec la société Kettman », assure pourtant l’avocat au journal Le Monde.
Le quotidien français affirme toutefois que Me Penning « semble moins actif que ses associés dans le business de l’offshore ». Selon Le Monde, Jim Penning, le père de Philippe, Pierre-Olivier Wurth et Pierrot Schiltz ont, eux, échangé « des dizaines de mails » avec le cabinet panaméen. « Leur rôle semble aller bien plus loin que celui de simple intermédiaire pour gérer une vente », comme l’avait affirmé Me Penning dans son communiqué.
Jamais détenu de société offshore « à titre personnel »
« Début 2015, Me Wurth organise par exemple le rapatriement d’une société des îles Vierges britanniques vers le Luxembourg. Baptisée « Merlino SA » et propriété d’une résidente suisse, elle est placée sous le mandat de l’associé de Me Penning depuis 2005. Toutes les factures lui sont adressées. Bien qu’indirectement, Philippe Penning est aussi impliqué dans Merlino : il est l’administrateur de la société luxembourgeoise qui va organiser son rapatriement. »
L’avocat luxembourgeois maintient qu’il n’a jamais détenu de société offshore « à titre personnel » et qu’il n’a désormais plus aucun mandat dans de telles sociétés. Dans son communiqué, l’avocat soutient qu’il est possible de défendre « un jour un auteur d’une infraction et le jour suivant une victime d’infraction ». Et d’ajouter : « La seule personne qui pourrait me faire un (…) reproche, c’est bien le client lui-même, ce qui, sauf erreur de ma part, n’est pas le cas ».
Le Quotidien (source : lemonde.fr)
Des dossiers qui ont inquiété Mossack Fonseca
En 2004, le cabinet panaméen Mossack Fonseca a été interrogé par un diplomate français sur les réels propriétaires de la société Monza Invest SA, enregistrée sur l’île de Niue jusqu’à sa fermeture en 2003 et dont l’avocat luxembourgeois était mandataire. Après avoir appelé « M.Penning », le représentant luxembourgeois de Mossack Fonseca retranscrit à ses dirigeants panaméens : « Monza a été exclusivement utilisée par mes clients pour constituer des sociétés luxembourgeoises (c’est un usage très commun). Cette société n’a jamais été contrôlée par quelqu’un d’autre que Jim Penning, Pierre-Olivier Wurth et Philippe Penning. » Aujourd’hui, Me Penning assure n’avoir pourtant détenu qu’une simple « procuration » sur cette société et n’en avoir « jamais fait usage ».
(source : lemonde.fr)