Il aura passé près de 200 jours dans l’espace. Vendredi, l’astronaute français Thomas Pesquet quittera la Station spatiale internationale en compagnie du Russe Oleg Novitski pour regagner la Terre, après un séjour à plein régime.
L’astronaute européen et son collègue russe, équipés d’un scaphandre, prendront place dans un vaisseau Soyouz qui se désamarrera vers 10h50 GMT (12h50 heure de Paris) de l’ISS pour atterrir environ 3h20 plus tard dans les steppes du Kazakhstan. Au total, le premier séjour dans l’espace de Thomas Pesquet, 39 ans, aura été de 196 jours, soit la plus longue durée en continu pour un astronaute français. Il ne battra pas toutefois – du moins cette fois-ci – le record français de temps cumulé passé dans l’espace détenu par Jean-Pierre Haigneré. Ce dernier totalise 209 jours en deux missions effectuées dans les années 1990.
Jusqu’à présent la mission de Thomas Pesquet, dixième Français à aller dans l’espace, s’est déroulée comme sur des roulettes. L’astronaute a pu réaliser deux sorties dans l’espace qui se sont parfaitement passées. Il a également enchaîné de nombreuses expériences scientifiques prévues dans son programme. « Thomas s’est très bien entendu avec ses collègues, notamment ceux de la Nasa » comme Peggy Whitson, 57 ans, souligne Brigitte Godard, son médecin à l’Agence spatiale européenne (ESA). « Ils voulaient tous travailler beaucoup. Non seulement ils arrivaient à faire tout ce qui était prévu au programme mais ils en redemandaient ». L’ingénieur en aéronautique et pilote de ligne, qui aime communiquer et transmettre, a aussi multiplié les jeux des questions-réponses à distance, notamment avec des milliers d’écoliers. « Les gamins, c’est à eux que j’ai envie de transmettre le plus », écrit-il sur son blog.
« Comprendre la simplicité des choses »
Astronaute 2.0, il a utilisé une partie de son temps libre pour partager son expérience sur les réseaux sociaux. Suivi par 551 000 abonnés sur Twitter, 377 000 sur Instagram et 1,4 million sur Facebook, il a mitraillé la planète bleue, postant des photos des différents coins d’Europe, saisissant la beauté géométrique de certains paysages terriens ou leur fragilité. Fan de musique électro, l’astronaute qui a fini par recevoir fin février son saxophone grâce à un cargo ravitailleur, a également fait partager ses goûts musicaux. Et produit des vidéos dont la dernière, postée sur YouTube dimanche et intitulée « Un nouveau regard sur l’univers », revêt une tonalité philosophique, presque grave. Comme tous les voyages celui-ci mène « à l’introspection », y confie-t-il. « Qui suis-je ? Un homme de l’espace ? Un astronaute français ? Non, un homme ». Il a fallu « toute cette technologie » pour arriver là et « comprendre la simplicité des choses, la Terre, le cosmos et la vie elle-même comme un ensemble. Vu d’ici c’est vraiment difficile de comprendre les frontières, les guerres, la haine ».
Pour son dernier dimanche à bord de l’ISS, qui se trouve à environ 400 km de la Terre, il a aussi pensé à souhaiter la fête des mères à la sienne installée en Normandie et qu’il a « hâte de revoir ». Oleg Novitski (45 ans), Thomas Pesquet et Peggy Whitson avaient décollé dans la nuit du 17 au 18 novembre du cosmodrome de Baïkonour (Kazakhstan) vers l’ISS. L’Américaine, actuelle commandante de bord de l’ISS, doit y rester jusqu’en septembre. Oleg Novitski, pilote du Soyouz, et Thomas Pesquet atterriront vers 14h09 GMT (16h09 heure de Paris).
Quelques heures après, Thomas Pesquet s’envolera pour Cologne où se trouve le Centre européen des astronautes. Il passera sa première nuit dans un laboratoire de la ville où l’équipe médicale de l’ESA surveillera sa réadaptation à la gravité après ce semestre passé en apesanteur. « La mission de Thomas sera loin d’être terminée », souligne Stéphane Ghiste, de l’ESA, en charge des opérations de retour de l’astronaute du Kazakhstan à Cologne. « Thomas va être soumis à une batterie de tests et d’examens médicaux », dit-il. Le but est de comparer les données médicales et physiologiques recueillies avant, pendant et après le vol de l’astronaute.
Le Quotidien/AFP