Les ministres des Finances de la zone euro, emmenés par Berlin et La Haye, ont rejeté lundi les incitations à la dépense adressées avant tout à l’Allemagne et aux Pays-Bas par la Commission européenne pour soutenir la zone euro.
« Les ministres des Finances de la zone euro ne se sont pas entendus, lors de leur réunion, sur l’objectif de la Commission », a déclaré le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, également ministre des Finances des Pays-Bas, lors d’une conférence de presse à Bruxelles après une réunion.
Mi-novembre, le Commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, avait invité les pays ayant une marge de manœuvre budgétaire à « investir plus pour eux-mêmes et pour les autres ». Une première.
Il avait appelé le bloc des 19 pays membres de la zone euro –si l’on agrège leur politique budgétaire nationale– à dépenser dans son ensemble 0,5% de PIB en plus. Des efforts que seuls trois pays sont en réalité en mesure de réaliser: l’Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg.
Ce chiffre de 0,5% présenté par la Commission « n’a pas été soutenu » par les 19 pays de la zone euro, a insisté M. Dijsselbloem.
M. Moscovici, qui rendait compte de cette réunion avec M. Dijsselbloem, a reconnu que l’exécutif européen avait été éconduit: « Vous êtes toujours déçus quand votre avis n’est pas suivi ».
Cet ancien ministre français des Finances a toutefois estimé que l’idée d’une politique de relance budgétaire avançait: « Vous êtes toujours satisfait de voir votre raisonnement économique et politique progresser ».
« Certains pays ont exprimé l’avis qu’il devrait y avoir une trajectoire budgétaire légèrement expansionniste, mais sans la chiffrer », a-t-il ajouté.
Outre la France, l’Italie et le Portugal, acquis à l’idée de relance, la proposition de l’exécutif européen a reçu un « soutien vocal », selon un diplomate européen, du Luxembourg, de Malte, de l’Irlande et de l’Espagne. Les Allemands et les Néerlandais se sont montrés mesurés dans leur critique de la Commission, a ajouté cette source.
Dans un communiqué publié à l’issue de leur réunion, les ministres des Finances de la zone euro ont simplement noté que l’Allemagne, le Luxembourg et les Pays-Bas « pouvaient utiliser leur situation budgétaire favorable pour renforcer davantage leur demande intérieure et leur potentiel de croissance, selon la situation de chacun et dans le respect des règles et de leurs obligations nationales ».
Avec cette déclaration, le sujet « n’est désormais plus sur la table », a déclaré un autre diplomate européen à l’AFP.
Récemment, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble et M. Dijsselbloem étaient déjà montés au créneau contre l’exécutif européen, l’appelant à se concentrer en priorité sur l’application des règles budgétaires plutôt que sur les questions de relance.
Le Quotidien / AFP