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La Ville de Paris arnaquée par des contrôles bidonnés de parcmètres


Des employés de la société chargée du contrôle saisissaient des immatriculations de véhicules flashés par les véhicules Lapi qui sillonnent les rues, en prétendant les contrôler, mais sans quitter leur bureau. (illustration AFP)

Des milliers de contrôles de stationnement réalisés dans les rues de Paris par une société privée, étaient en fait bidons : la Ville, s’affirmant « trompée », se retrouve néanmoins taxée de légèreté.

C’est le Canard Enchaîné qui a révélé l’affaire, confirmée par la Ville, de la « boîte qui gruge la mairie de Paris ». Des employés de Streeteo, filiale d’Indigo (ex-Vinci Park), chargée du contrôle du paiement des parcmètres, saisissaient des immatriculations de véhicules flashés par les véhicules Lapi qui sillonnent les rues, en prétendant les contrôler, mais sans quitter leur bureau. Il s’agissait ensuite pour eux de justifier la non-verbalisation par des motifs tels que « PMR » (personne à mobilité réduite), « personne agressive », personne « dans le véhicule » ou « autre », décrit le Canard.

Fin janvier, à l’occasion d’un premier bilan de la réforme du stationnement, de compétence désormais municipale, « nous avons effectivement constaté un nombre anormalement élevé d’exemptions de paiement », a affirmé devant la presse Christophe Najdovski, adjoint EELV aux Transports. En même temps, une vidéo publiée sur YouTube par un agent de Streeteo dénonçait l’entourloupe.

Sommée de s’expliquer, la société a ouvert une enquête interne « qui a permis d’établir ces pratiques », a ajouté l’élu. Des sanctions disciplinaires ont été demandées et des pénalités financières, non chiffrées, réclamées.

« Aucun automobiliste lésé »

Depuis, « ces pratiques visant à tromper la mairie de Paris ont cessé » le 22 février, a ajouté l’adjoint aux Transports en insistant sur le fait qu’il s’agissait de « quelques individus isolés », qu’une seule des deux sociétés privées chargées du contrôle était en cause et qu’ « aucun automobiliste n’a été lésé dans cette affaire ». Selon l’élu, ce couac ne concerne que « de 2 à 3% des transactions » quand le Canard Enchaîné, citant des agents, parle de « près de la moitié » des 50 000 contrôles quotidiens de Streeteo.

Dans le cadre de la réforme permise par la loi sur les métropoles qui municipalise depuis le 1er janvier la gestion du stationnement, l’exécutif parisien, au terme d’un vif débat entre les élus, avait décidé de confier au privé la gestion des parcmètres et des amendes. Deux lots ont été remportés par Streeteo et un lot par Urbis Park, à charge pour eux d’effectuer 25 000 contrôles par lot et par jour, sur les 140 000 parcmètres que compte Paris. « C’est une réforme qui marche », a néanmoins plaidé l’élu en évoquant une augmentation des paiements de parcmètres, jusque là ignorés par 90% des automobilistes selon la Ville, alors que la « physionomie des rues a changé. Grâce à une rotation plus grande, il y a maintenant des places disponibles dans les rues ».

« C’est un couac pour la société Streeteo, pas pour la mairie de Paris », a ajouté Christophe Najdovski. Ce n’est pas la première fois que la société est montrée du doigt. De nombreux automobilistes se sont plaints d’amendes attribuées à tort, de bugs dans les réclamations, etc.

Le Quotidien/AFP