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La piste de l’Islam Radical privilégiée


Après l’agression au couteau contre des policiers survenue samedi au commissariat de Joué-les-Tours, en France, l’enquête s’oriente vers la piste de l’islamisme radical. L’agresseur, un jeune Français de 20 ans né au Burundi, s’était récemment converti à l’islam.

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L’agression a eu lieu samedi en début d’après-midi au commissariat de Joué-les-Tours. (Photo : AFP)

Samedi, vers 14 h, un homme de 20 ans, Bertrand Nzohabonayo, a agressé des policiers avec un couteau en criant « Allahou Akbar » (NDLR : Dieu est le plus grand, en arabe) au commissariat de Joué-lès-Tours en Indre-et-Loire, avant d’être tué. Deux policiers ont été grièvement blessés, l’un au visage, mais leurs jours ne sont pas en danger. Une troisième policière, très choquée, a été plus légèrement atteinte. Selon une source proche de l’enquête, l’homme « a crié « Allahou Akbar » du moment où il est entré jusqu’à son dernier souffle ».

Selon le ministère, il a ensuite été « abattu » par « des policiers présents, qui ont fait usage de leur arme administrative ». « Selon les premiers éléments de l’enquête, tous les éléments de la légitime défense » sont réunis, a estimé le procureur de la République à Tours, Jean-Luc Beck.

Un témoin de la scène a raconté : « J’ai vu les quatre policiers prendre le monsieur pour le rentrer à l’intérieur, et ils lui ont dit : « Calmez-vous! » Et le monsieur s’est mis à crier et à se débattre. J’ai aperçu un couteau assez long, et après, j’ai vu un policier tomber par terre, le cou rempli de sang, ça giclait. Et après, une policière qui avait la tête en sang et un troisième qui a tiré. Quatre fois. »

> Des textes de l’islam radical sur Facebook

La section antiterroriste du parquet de Paris s’est aussitôt saisie de l’enquête pour tentative d’assassinat et association de malfaiteurs, le tout en lien avec une entreprise terroriste. L’enquête s’oriente vers « un attentat motivé par l’islamisme radical ». « Cela ressemble au mode d’action préconisé par le groupe État islamique », qui mène le jihad en Syrie et en Irak, « de s’en prendre ainsi aux forces de l’ordre », a déclaré une source proche de l’enquête.

Jeune homme au physique athlétique, l’agresseur, un Français né au Burundi en 1994, s’était récemment converti à l’islam, affichant sur son compte Facebook le drapeau du groupe jihadiste État islamique (EI). Plusieurs textes et slogans inspirés de l’islam radical apparaissent aussi sur la page de « Bilâl », le prénom qu’il avait pris lors de sa conversion à l’islam. Il n’a laissé ni lettre ni message, selon le procureur. La question est de savoir s’il a agi seul ou sur ordre, a indiqué ce dernier.

Habitant Joué-lès-Tours, mais « naviguant » entre les domiciles de membres de sa famille, Bertrand Nzohabonayo avait commis des actes de petite délinquance, mais « n’était pas fiché » pour « des activités à caractère terroriste », a déclaré au commissariat de Joué-lès-Tours le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, après avoir condamné cette « agression brutale ». Il a salué « le sang-froid et le professionnalisme des policiers ».

En revanche, le frère de l’agresseur est connu pour ses positions radicales et a un temps envisagé de partir en Syrie avant de renoncer, selon une source proche de l’enquête. Il se trouverait actuellement à l’étranger.

Le parquet antiterroriste devra déterminer si Bertrand Nzohabonayo a agi de sa propre initiative ou dans le cadre d’une action organisée, sachant que l’EI encourage les candidats au jihad à lancer des attaques contre les « infidèles », militaires, policiers ou même civils.

> La France citée comme cible de l’EI

La France avait été nommément citée comme cible par l’EI après le début des frappes françaises en Irak, et de tels appels sont régulièrement relayés dans des vidéos du groupe jihadiste. Sur les photos de lui qui circulent sur les réseaux sociaux, on distingue un jeune souriant, au crâne rasé et au collier de barbe noire fourni mais sans moustache.

L’agression a créé la stupeur dans la commune de 36 000 habitants située en banlieue de Tours. Le Premier ministre, Manuel Valls, a apporté son «soutien» aux policiers, promettant «la sévérité de l’État» à «ceux qui s’en prennent à eux».

Depuis l’été 2013, cinq « projets d’actions terroristes » jihadistes ont été déjoués en France, a déclaré cette semaine Bernard Cazeneuve. Plus de 1 200 Français ou personnes résidant en France sont impliquées dans les filières jihadistes vers la Syrie ou l’Irak, un chiffre qui « a doublé depuis le début de l’année ».

AFP