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La Hongrie envisage un mur le long de sa frontière avec la Croatie


Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, à Bruxelles le 3 septembre 2015. (Photo : AFP)

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a évoqué la probable construction d’un nouveau mur à la frontière entre la Hongrie et la Croatie, dans un entretien au journal français le Figaro à paraître jeudi matin, où il réaffirme sa farouche opposition aux quotas obligatoires de réfugiés en Europe.

«L’un des principaux problèmes est le business des passeurs. (…) La route n’est pas choisie par les migrants, mais par les passeurs eux-mêmes. Comme ils ne pourront plus traverser la Hongrie, ils vont changer de chemin, et passer par la Roumanie, probablement», a déclaré M. Orban.

«C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de construire une clôture à la frontière roumaine également, le long de la rivière Mures. Et nous allons sans doute en construire une autre le long de la frontière croate. On suit leur piste…», a-t-il expliqué.

«Le fait est que les migrants continuent d’affluer! On a réussi à les stopper à la frontière hongroise, mais on n’a pas arrêté le flux lui-même…», a constaté M. Orban, affirmant qu’ils «pourraient être une centaine de millions, venant du Moyen-Orient et d’Afrique!».

Interrogé sur le sort des centaines de réfugiés actuellement bloqués en Serbie, le long des frontières hongroises, le Premier ministre a répondu: «notre tâche est d’abord de respecter nos obligations européennes et hongroises. Puis de prendre part à l’effort international pour régler la question. Il faut aider ces migrants à avoir une chance de rentrer chez eux un jour ou l’autre! Le but n’est pas que tous les Syriens quittent la Syrie, mais de rendre ce pays vivable».

A ce jour, selon M. Orban, «seule une vingtaine» de migrants arrêtés pour avoir franchi illégalement la frontière «ont fait l’objet d’une procédure judiciaire». «Beaucoup étaient entrés auparavant et s’étaient perdues. D’autres étaient des familles avec enfants, qui sont traitées différemment. Mais tout est planifié: nous avons des milliers de places dans nos prisons», a-t-il mis en garde.

«Ces cinq dernières années, depuis le printemps arabe, nous avons accueilli 1.500 familles», a-t-il assuré. «Bien sûr, nous sommes prêts, aujourd’hui, à envisager d’accepter d’autres réfugiés. Mais ce n’est pas le moment de parler de cela! Il faut d’abord débattre des moyens de les arrêter. Si vous discutez de quotas, tout en contemplant le flux arrivant du Proche-Orient, c’est une véritable invitation!», selon le chef du gouvernement hongrois.

»(…) Il y a aussi le défi de l’intégration de ces musulmans. En Europe, elle ne s’est pas faite: des sociétés parallèles vivent les unes à côté des autres. Je ne dénie pas à une nation le droit de fonctionner de telle façon. Mais nous, en Hongrie, nous ne voulons pas suivre cette voie».

Les quotas obligatoires de réfugiés par pays «vont à l’encontre des intérêts vitaux des nations. Je ferai tout ce que je pourrai pour m’y opposer», a répété M. Orban.

Quant aux «hotspots» (centres d’accueil et de tri), «ils doivent se situer au plus près des zones de conflits. Logiquement, en dehors de l’UE. Voire en Grèce. Quel serait le sens d’en avoir un en Hongrie? Non, c’est impossible!», a-t-il clamé.

La crise des migrants pourrait-elle être fatale à l’UE? «Cela pourrait arriver. Mais pour l’instant, c’est encore gérable. Il faut simplement arrêter les questions philosophiques et passer aux questions pratiques», selon le Premier ministre hongrois.

AFP/M.R.