La France va conclure lundi le premier contrat à l’exportation du fleuron de son aéronautique de défense, le Rafale de Dassault Aviation, dont 24 exemplaires vont être vendus à l’Egypte, un succès qui met un terme à des années d’espoirs déçus.
Construit en collaboration par Dassault, le Rafale est destiné à être l’avion de combat français jusqu’en 2040. (Photos : AFP)
« L’avion de combat Rafale remporte son premier contrat à l’export », a déclaré le président français François Hollande, saluant ce succès dans un communiqué.
« La signature interviendra le 16 février au Caire. J’ai demandé au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de signer au nom de la France », a indiqué François Hollande. Selon le ministère de la Défense, la signature se fera avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
La vente à l’Egypte porte sur 24 Rafale et sur une frégate multimissions FREMM, fabriquée par le groupe DCNS, pour un montant de 5,2 milliards d’euros. Cette première vente à l’exportation du Rafale intervient après six échecs à l’export depuis l’entrée en service de l’appareil dans l’armée française en 2004.
Entre 2002 et 2013, les Pays-Bas, d’autres clients traditionnels des Etats-Unis comme la Corée du Sud, et Singapour ont finalement choisi des appareils américains.
En 2013, le Brésil a mis fin à plus de dix ans de négociations et de reports en choisissant le Gripen NG suédois, aux dépens du Rafale et du F/A-18 Super Hornet de l’américain Boeing, pour un contrat de 4,5 milliards de dollars.
Le France a aussi perdu en 2007, au profit du F-16 américain, un contrat avec le Maroc pour 24 avions Rafale, alors que ce pays est traditionnellement proche de Paris.
> Conclusion en un temps record
La conclusion du contrat avec l’Egypte a, elle, été menée en un temps record, à peine six mois.
En novembre, lors d’une visite à Paris, le président Sissi précise ses intentions : 24 Rafale et une frégate. Puis il indique en janvier dernier sa volonté d’aller vite et invite le ministre français Le Drian à inaugurer avec la frégate le deuxième canal de Suez, le 2 août prochain.
Ce premier succès est crucial pour le constructeur Dassault Aviation, qui doit pérenniser la chaîne de production de l’appareil, mais aussi pour l’Etat français, qui appuyait le budget de la Défense sur la vente de l’appareil à l’exportation.
Le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, a récemment laissé entendre que d’autres pays de la région pourraient être preneurs, alors que l’avionneur est en négociations depuis 2012 avec l’Inde pour la vente de 126 appareils. « Nous avons plusieurs prospects au Moyen-Orient qui sont très actifs », a-t-il indiqué. Dassault est en « négociations exclusives » avec l’Inde pour ce « contrat du siècle » qui prévoit la fabrication de 18 appareils en France puis de 108 avions sous licence en Inde.
Lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet européen à Bruxelles, François Hollande a estimé que le succès enregistré avec l’Egypte pourrait faciliter la conclusion de contrats avec d’autres pays. « Le fait qu’il y ait ce premier contrat pourra être un élément de conviction supplémentaire », a déclaré le président français.
Il a précisé que Paris avait « fait un certain nombre d’efforts » sur le financement du contrat. « Plusieurs fois, des contrats nous ont échappé dans les dix dernières années parce qu’il n’y avait pas eu cette volonté d’accompagner, de financer pour conclure », a-t-il dit.
Construit en collaboration par Dassault, qui supervise 60% de la valeur de l’avion, par l’électronicien Thales (22%) et par le motoriste Snecma (groupe Safran, 18%) qui fournit le moteur M-88 de nouvelle génération, le Rafale est destiné à être l’avion de combat français jusqu’en 2040.
Outre l’Inde, la vente de 36 Rafale est actuellement en négociations avec le Qatar, et des discussions avec les Emirats Arabes Unis entamées en 2008 se sont transformées en feuilleton mais pourraient encore aboutir. Dassault Aviation attend également que la Malaisie lance un appel d’offres pour l’acquisition de 16 avions de combat. Enfin, l’avionneur a ouvert récemment un bureau à Bruxelles pour se positionner en vue du remplacement des F-16 belges vieillissants.
AFP