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La Fête de l’Huma ne masque pas « l’éparpillement » du Front de gauche


Tout au long des trois jours, le PCF et le Parti de gauche ont peiné à colmater les fissures de leur coalition. (photo AFP)

Le secrétaire national du PCF Pierre Laurent a mis en garde dimanche contre « l’éparpillement » de la gauche en guerre contre l’austérité en refermant la 80e Fête de l’Humanité, marquée par les tiraillements du Front de gauche à trois mois des régionales.

Côté scène, la Fête a battu des records d’affluence malgré la pluie, selon les organisateurs. « La France s’apprête a accueillir 24 000 réfugiés, soit seulement un tiers du nombre de personnes présentes ce soir », a lancé samedi soir le speaker de la Grande scène avant le concert de Manu Chao suivi par des dizaines de milliers de personnes les pieds dans la boue. Mais ce succès populaire n’a pas masqué les divergences qui peuvent traverser le Front de gauche, que ce soit sur la stratégie aux élections régionales ou sur l’analyse de la situation en Grèce.

Les participants ont certes trouvé des motifs de réjouissance commune, pour saluer l’élection de Jérémy Corbin samedi à la tête du Labour ou dénoncer les projets du gouvernement Valls pour simplifier le code du Travail.

Aucun ministre du gouvernement socialiste n’a fait le déplacement, à l’exception d’un ou deux secrétaires d’État peu susceptibles de provoquer la colère des militants. Les « frondeurs du PS » ont aussi assuré le service minimum avec Benoît Hamon Jean-Marc Germain.

« Casting présidentiel »

Mais tout au long des trois jours, le PCF et le Parti de gauche ont peiné à colmater les fissures de leur coalition, désormais plus proche de l’échec des « Collectifs du non » au traité européen de 2005 que du dynamisme de la campagne unitaire autour de Jean-Luc Mélenchon en 2012.

Samedi, les amis de Jean-Luc Mélenchon ont volé la vedette à la puissance invitante communiste avec leur conférence sur le « plan B en Europe » en présence de l’ex-ministre grec des Finances Yannis Varoufakis arborant la faucille et le marteau au revers de sa veste.

Dénonçant le « coup d’Etat financier » et « l’acte de guerre » contre la Grèce avec l’accord imposé « le pistolet sur la tempe » à Alexis Tsipras le 13 juillet, les partisans d’un plan B envisagent une sortie de l’euro, qui deviendrait monnaie commune, s’ils ne parvenaient pas à renégocier les traités européens en France, Italie, Espagne, Grèce… « Je ne crois pas que la sortie de l’euro soit la solution », a répété en retour M. Laurent lors de son discours de clôture.

Le PG et le PCF expriment à voix haute des nuances politiques à une semaine des élections en Grèce. Le PCF continue de soutenir Syriza et Alexis Tsipras, alors que le Parti de gauche semble reprendre à son compte la position de Yannis Varoufakis : ni Syriza, ni les dissidents de l’Unité populaire. Après Athènes, ce sont aussi les décisions prises à Lille qui ont divisé les « partenaires du Front de gauche », avec la décision des militants écologistes de ne pas s’allier au PS en Nord-Pas-de-Calais-Picardie aux élections régionales de décembre.

« Le Parti de gauche tente de peser pour prendre son autonomie par rapport au Front de gauche. Ce n’est pas bien. Ce n’est pas en divisant les forces de gauche qui veulent sortir de l’austérité que l’on va ouvrir une perspective », commente le secrétaire aux élections du PCF Pascal Savoldelli. Le PCF aura aussi une liste dans cette région.

« Il faut arrêter l’éparpillement des forces du Front de gauche et le casting présidentiel », a déclaré dans son discours Pierre Laurent, redoutant un « grand chelem de la droite et l’extrême droite » dans les 13 régions en décembre.

AFP / S.A.