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La Fed dans les starting-blocks pour une hausse des taux mercredi


Avec 235.000 créations d'emplois et un taux de chômage en recul à 4,7%, tous les signaux semblent au vert pour une deuxième hausse modeste du taux interbancaire au jour le jour. (photo AFP)

Les marchés financiers sont quasiment certains que la Réserve fédérale américaine (Fed) va relever de nouveau les taux mercredi, la deuxième hausse depuis l’élection de Donald Trump, profitant d’un marché de l’emploi vigoureux et d’une inflation qui remonte.

Les dirigeants de la Banque centrale, la présidente Janet Yellen en tête, ont donné des signaux clairs ces dernières semaines affirmant qu’un nouveau resserrement monétaire était « sur la table » si l’économie continuait sur sa lancée.

Le dernier rapport sur l’emploi publié vendredi a enfoncé le clou. Avec 235.000 créations d’emplois et un taux de chômage en recul à 4,7%, tous les signaux semblent au vert pour une deuxième hausse modeste du taux interbancaire au jour le jour après celle déjà intervenue en décembre.

Ce taux d’intérêt qui fixe le coût de l’argent que les banques se prêtent entre elles est encore très accommodant et évolue actuellement dans la fourchette de 0,50% à 0,75%.

Les marchés évaluent qu’il y a 90% de chances de voir un nouveau relèvement des taux, d’après les instruments financiers à terme.

« Je pense qu’ils vont y aller. Toutes les données économiques sont bonnes », a affirmé à l’AFP Joseph Gagnon, un ancien économiste de la Fed, qui a rejoint le Peterson Institute for International Economics (PIIE).

Rares sont ceux qui estiment que la Banque centrale doit encore patienter, à l’instar de Steven Ricchiuto, de Mizuho Securities, qui voit encore des faiblesses dans les ventes au détail, la production industrielle et les dépenses d’investissement. « Il serait plus approprié d’attendre le mois de mai » pour donner un tour de vis, a-t-il affirmé.

La croissance qui a été décevante en 2015 (1,6%) devrait s’accélérer cette année à 2,1%, selon la prévision de la Fed datant de décembre, voire à 2,4%, selon les prévisionnistes de Moody’s.

Le Comité monétaire, dont la réunion commence mardi, publiera un communiqué mercredi à 19H00 GMT, suivi d’une conférence de presse de Janet Yellen.

La Fed diffusera aussi de nouvelles prévisions économiques et surtout son fameux « tableau de points » (dot-plot) scruté avidement par les acteurs financiers parce qu’il donne une indication de la trajectoire future des taux.

Pour l’instant, les participants au Comité prévoient trois hausses d’un quart de point de pourcentage en 2017 mais cette séquence pourrait s’accélérer, comme l’a insinué Janet Yellen dans un récent discours à Chicago.

« La réduction du soutien monétaire risque de ne pas être aussi lente que ce qu’elle a été en 2015 et 2016 », a-t-elle averti début mars alors que l’inflation à 1,9% (indice PCE) se rapproche de la cible des 2% que la Fed estime saine pour l’économie. Quant au marché du travail, l’autre mandat de la Banque centrale, il frôle le plein emploi.

Relance budgétaire à l’horizon

Se profilent aussi les mesures de relance budgétaire promises par le président Trump qui pourraient avoir un effet inflationniste et encourager la Réserve fédérale à prendre les devants.

Mais la Fed se défend d’intégrer ces projets dans ses décisions tant qu’ils ne sont pas votés par le Congrès. L’institution monétaire « a réellement une tradition d’ignorer les projets de politique budgétaire tant qu’ils ne sont pas matérialisés », assure Joe Gagnon. Pourtant indirectement, elle commence à en tenir compte.

Cette influence indirecte est incarnée par l’exubérance de Wall Street. Depuis la dernière réunion monétaire début février, l’indice boursier Dow Jones a gagné 1.000 points pour dépasser les 21.000 points début mars, un record.

La banque centrale « répond au marché boursier parce que c’est un bon indicateur. C’est un indicateur des futures dépenses de consommation », affirme Joe Gagnon.

Pour Randall Kroszner, ancien gouverneur de la Fed qui enseigne à l’université de Chicago, les membres du Comité vont « réagir à l’optimisme qui se manifeste dans la confiance des entrepreneurs et dans la hausse des marchés ».

« La bourse a fortement augmenté en prévision des changements de politique budgétaire, des réductions d’impôts sur les entreprises, des projets de dérèglementation et des plans d’investissements dans les infrastructures », explique-t-il. Cette euphorie boursière « accroît la richesse » des détenteurs d’actions et « finalement accroît la consommation », locomotive traditionnelle de la première économie mondiale.

Le Quotidien / AFP