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La BGL Ligue se retourne vers l’Allemagne


Dallevedove, excellente pub pour le joueur de foot allemand, va être la locomotive de tout un continent germanophone à la conquête de la DN. (Photo Julien Garroy)

C’est historique : le recrutement estival de la BGL Ligue a vu passer le joueur en provenance d’Allemagne devant son homologue français. Même la Belgique passe devant l’Hexagone.

La réapparition de coaches allemands et des réseaux qui vont avec explique ce renversement spectaculaire de tendance : 10 joueurs sont arrivés de France cet été, contre 11 de Belgique et 12 d’Allemagne. Une grande première.

La Division nationale va devoir s’y faire : elle va parler un peu plus l’allemand cette saison. Pour la première fois dans ce siècle, les migrations en provenance des championnats d’Oberliga et de Regionalliga dépassent celles des joueurs lorrains.

Dit comme ça, cela n’a pas l’air bien méchant mais cela dénote une inversion de tendance lourde. Sur les trois marchés estivaux ayant précédé celui de cette saison (entre 2012 et 2014, donc), 78 joueurs sont arrivés en provenance d’un club de pays de la Grande Région et près de 60 % (57,7 %) venaient de France. Contre seulement 21,8 % d’Allemands et 20,5 % de Belges. Alors retrouver les Français en minorité dans le recrutement de l’élite grand-ducale, forcément, cela interpelle. Mais ça s’explique.

Hamm et Etzella carburent à l’Allemand

Il y a d’abord les connections évidentes. Celle de Rosport, historique, ne s’est pas discutée avec l’arrivée de Dan Theis, fan de la mentalité allemande et sans réelle connection dans les pays francophones. La réussite d’une nouvelle génération de coach allemand (la première depuis les Rainer Brinsa, Heinz Eimer et Herbert Herres du début du siècle) que sont Dino Toppmöller à Hamm et Nikki Wagner à Etzella, a aidé à la «re-germanisation» d’une partie de la Division.

Déjà recruteur de six joueurs en provenance d’Allemagne la saison passée, pour doter enfin le club benfiquiste d’une certaine rigueur, Toppmöller a récidivé : trois nouveaux garçons (Mertinitz, Pinna et Zinram) d’Allemagne depuis début juin. Nikki Wagner aimerait avoir la même latitude pour harmoniser la communication et l’esprit de corps dans son vestiaire ettelbruckois mais il a lui-même reconnu récemment que ses dirigeants souhaitaient éviter le communautarisme. Résultat : «seulement» deux Allemands (Novic, Faridonpur), mais… trois Belges.

Car c’est l’autre événement de l’été : la filière belge, elle aussi, bat les réseaux français. De deux unités. Le marasme économique qui sévit dans la D2 belge ainsi que la refondation annoncée des divisions devaient forcément aboutir à un exode plus massif que ce que laissaient miroiter depuis longtemps les traditionnels recrutements du FC Wiltz, grand amoureux du joueur belge.

Sauf que cette fois, tout le monde s’est servi : le F91 (Bochet et Dikaba à Seraing), le Progrès (Rossini à Louvain), le RFCU (Bernardelli à Bertrix et Assekour à Arlon), bien aidé par l’afflux de plus en plus tangible des agents de joueurs qui voient enfin dans le Grand-Duché le mini-tremplin qu’il n’était pas auparavant. On ne s’enterre plus en DN, on vient s’y relancer.

«Dalleve», Steinbach, Kühne… bonnes pioches

En attendant de voir qui sort du lot, c’est le footballeur allemand que l’on va redécouvrir. Et tant mieux, car ce que les ambassadeurs hammois nous ont montré à l’échelon inférieur, en 2014, nous a tout simplement bluffés.

Et ces dernières années, le peu de garçons qui ont franchi la frontière en provenance d’Allemagne nous ont montré des choses pas dénuées d’intérêt : Dallevedove, l’exemple le plus éclatant, est devenu l’un des patrons techniques incontournables d’un Fola conquérant; Johannes Kühne s’est transformé en symbole du fighting spirit ettelbruckois, tandis que le Rosportois Johannes Steinbach, sa puissance et son sens de la relance, ont intéressé plusieurs clubs du top 5 cet été…

Ça sent le spleen pour les footballeurs lorrains ? Le CSO Amnéville, même s’il ne pèse plus grand-chose sportivement parlant, garde, malheureusement pour lui, un pouvoir d’attraction certain. Sans six de ses joueurs (Schipani, Lahoussine, Kébé, Correia, Diallo, Sahin) qui ont rejoint la Division nationale cet été, on aurait eu largement assez d’une seule main pour dénombrer les renforts français de la nouvelle saison qui s’annonce.

Reste-t-il quelque chose à piller à Amnéville et à quoi ressemblera le prochain mercato pour les joueurs français ? Morose ? Le Luxembourg, en tout cas, semble désormais regarder ailleurs.

Julien Mollereau