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La BCE prolonge son soutien à l’économie, mais à un rythme plus lent


"Le risque de déflation a largement disparu", a reconnu le président de la BCE Mario Draghi. (photo AFP)

La BCE a décidé jeudi de prolonger jusqu’à fin 2017 ses rachats massifs de créances, l’une de ses mesures phare pour stimuler une économie toujours vulnérable, mais a semé le trouble en réduisant le rythme de ses acquisitions.

A l’issue de sa dernière réunion de politique monétaire de l’année, le conseil des gouverneurs a convenu de continuer ses vastes rachats de dettes publiques et privées jusqu’à fin décembre 2017, quand ils étaient censés prendre fin en mars.

Ces injections massives d’argent dans le circuit financier visent à soutenir la croissance. Mais à partir d’avril, le volume des achats sera limité à 60 milliards d’euros, soit 20 milliards de moins qu’auparavant.

L’annonce a fait craindre une amorce de virage vers une politique monétaire plus restrictive. « Le risque de déflation a largement disparu », a reconnu le président de la BCE Mario Draghi lors d’une conférence de presse. C’est pour parer ce spectre que la BCE avait décidé en mars 2016 d’augmenter le volume de ses rachats de 60 à 80 milliards, a-t-il rappelé.

« Cependant, l’incertitude prévaut partout », a-t-il estimé, évoquant notamment les impacts sur l’économie encore difficiles à cerner de l’élection de Donald Trump, chantre de protectionnisme, et de la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne.

C’est pourquoi la BCE est prête à continuer son programme au delà de 2017, « si nécessaire », et reste prête à « augmenter sa durée et sa taille » au cas où les perspectives de retour de l’inflation au niveau voulu venaient à s’assombrir, a-t-il dit.

« Le conseil des gouverneurs agit de façon pragmatique et raisonnable aux risques qui pourraient apparaître », a-t-il jugé.

« Il n’est pas question de tapering! »

La plupart des économistes attendaient une extension de six mois et au même rythme de ces rachats. Du coup, certains ont vu dans la décision du jour une manoeuvre élégante de la BCE d’entamer une réduction de son programme très controversé.

Le patron de la Bundesbank, Jens Weidmann, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, n’a de cesse de critiquer cette mesure, qu’il accuse de provoquer un relâchement des réformes et de la discipline budgétaire dans certains pays.

« Il n’est pas question de tapering. Un tapering n’a pas été discuté », a martelé M. Draghi, pressé de questions par les journalistes. Le « tapering » désigne un arrêt progressif des rcahats de créance, et plus globalement, une orientation plus restrictive de la politique monétaire.

« L’extension des rachats sur un horizon plus éloigné permet une présence plus soutenue sur le marché et donc une transmission plus durable de nos mesures de politique monétaire », a-t-il au contraire plaidé.

Pour Uwe Burkert, chef économiste chez LBBW, le « conseil de la BCE a bouclé un paquet qui ressemble seulement à première vue à une sortie progressive de la politique monétaire non conventionnelle ».

Soutien pour longtemps

La BCE, qui s’inquiète toujours d’une inflation trop basse en zone euro, est appelée à conserver encore pour longtemps ses mesures de soutien à l’économie.

Avec 0,6% sur un an en novembre, elle est éloignée de l’objectif d’un taux proche mais inférieur à 2%, qui correspond à la définition par la BCE de la stabilité des prix.

Et les nouvelles prévisions dévoilées jeudi par la BCE montrent qu’un retour au niveau voulu s’annonce laborieux.

Elle attend un taux de 0,2% en 2016, puis 1,3% en 2017, puis 1,5% en 2018.

Pour la première fois, elle a livré une projection pour 2019, de 1,7%. Ce niveau n’est « pas nécessairement » à considérer comme remplissant l’objectif de la BCE, a admis Mario Draghi.

Le Produit intérieur brut (PIB) de l’ensemble des pays de la monnaie unique devrait de son côté progresser en 2016 de 1,7% et de 1,6% en 2018, comme déjà attendu en septembre. Pour 2019, une croissance de 1,6% est espérée.

La BCE a par ailleurs conservé, et comme escompté, son principal taux directeur à 0%, son plus bas niveau historique.

Le Quotidien / AFP