Quatre ans de prison avec sursis, c’est la peine que le parquet réclame contre le quinquagénaire poursuivi en justice pour avoir violé sa voisine d’immeuble en 2012 à Differdange.
Tout au long de la procédure, les trois prévenus poursuivis l’un pour viol, harcèlement et coups et blessures et les deux autres pour les deux derniers chefs d’accusation, ont contesté les infractions qui leur sont reprochées. Pour le parquet, les déclarations faites par la victime concernant le viol sont toutefois « constantes, claires et précises ».
À la barre, la victime, âgée aujourd’hui de 30 ans, avait été formelle pour répéter qu’elle avait été violée par son voisin d’immeuble Christian B., le 27 février 2012 à Differdange. Lorsqu’elle avait porté plainte, Christian B. avait été placé en détention préventive. C’est alors que la fille et le fils de ce dernier auraient commencé à harceler et menacer de mort la victime et son petit ami de l’époque.
« Il n’y a rien eu », a affirmé hier le prévenu Christian B. devant les juges de la chambre correctionnelle du tribunal. D’après les déclarations de la victime, Christian B. l’avait violée après avoir achevé des travaux de peinture dans son appartement. Ce n’était pas la première fois que Christian B. effectuait des travaux de peinture chez des particuliers. C’était toutefois la première fois qu’il effectuait des travaux gratuitement sans demander de contrepartie. « J’ai refait tout l’appartement, je n’ai rien demandé », a-t-il expliqué hier à la barre.
« Ce qui est atypique, c’est que chez elle, vous ne vous êtes pas fait payer », lui a fait remarquer le président de la chambre correctionnelle, Marc Thill. « Elle n’avait pas d’argent », a alors répondu le prévenu en précisant qu’il n’avait eu aucune arrière-pensée. « J’étais trop bon et trop con », a enfin laissé entendre le principal prévenu.
Son fils (21 ans) poursuivi pour coups et blessures volontaires ainsi que menaces contre la victime, conteste également les faits qui lui sont reprochés : « Ce n’est pas vrai du tout. » Il n’aurait ni menacé la victime à l’aide d’une arme, ni frappé le petit ami de la victime avec un manche à balais. Et sa sœur n’aurait pas non plus brandi de couteau dans la cage d’escalier.
Dans sa plaidoirie, Me Nicky Stoffel, l’avocate à la défense des trois prévenus, a souligné que « le dossier ne contient aucun élément matériel pouvant livrer d’indice ». Après le viol, la victime avait immédiatement pris une douche et mis à la machine ses vêtements et draps.
La défense a également rappelé qu’après le viol, la victime avait continué sa vie comme si rien ne s’était passé. Le soir même, elle avait ainsi publié des photos d’elle sur Facebook. « Une victime d’un viol se sent très mal. La dernière des choses, c’est de poster des photos où on expose son corps », a noté Me Stoffel. Vu les doutes qui persistent, elle a demandé l’acquittement des trois prévenus.
Le parquet s’étonne de l’alibi bien tardif
Le parquet, quant à lui, voit les choses différemment. Certes la victime aurait pris une douche et lavé ses vêtements après le viol, mais le lit aurait été à la disposition de tout le monde.
Pour le substitut du procureur d’État, Michèle Feider, il est également « étonnant » que la fille de Christian B. lui ait livré un alibi seulement après que ce dernier soit resté un certain temps en détention préventive. « Pourquoi ne pas le dire tout de suite ? »
À la barre, plusieurs témoins ont fait des déclarations en faveur du prévenu Christian B. Ils assurent avoir aperçu un jour la victime en train de pleurer sur le palier. Ils l’auraient entendu dire qu’elle regrettait d’avoir porté plainte. « Une histoire qui n’a pas de sens. Pourquoi aurait-elle dit cela ? », a interrogé le président de la chambre correctionnelle, Marc Thill, sans pour autant recevoir plus de détails ou une date précise quant à cet épisode.
« Si on est tellement innocent, pourquoi ramener alors tous ces gens ? Pour moi, on essaie de discréditer les plaignants », a enfin conclu la représentante du parquet qui est d’avis qu’on peut croire les déclarations de la victime sur le viol.
Le parquet requiert, à côtés des amendes, quatre années d’emprisonnement contre Christian B., douze mois contre son fils et neuf mois contre sa fille. Il ne s’oppose toutefois pas à ce que les peines soient assorties d’un sursis. Le 30 avril, le tribunal rendra son jugement.
Fabienne Armborst