Le démantèlement total de la «Jungle» de Calais était, lundi midi, sur le point de s’achever, mais le gouvernement doit encore gérer le cas de près de 1.500 mineurs isolés mis à l’abri à proximité et le flot grossissant de migrants dans des camps à Paris.
Sur le camp de la Lande –nom officiel de l’ex-«Jungle»–, plusieurs pelleteuses s’activaient depuis 08h00, par grand beau temps, pour détruire les rares abris qui tenaient encore debout et déblayer les carcasses de ceux ravagés par les incendies de la semaine passée. En bordure du camp, qui ressemblait plus que jamais à un vaste champ de ruines, des dizaines et des dizaines de caravanes formaient un cimetière impressionnant. Elles étaient en train d’être réduites en morceaux avant que leurs débris soient ramassés par les camions-bennes.
Venu sur place, le directeur du cabinet de la préfète du Pas-de-Calais, Etienne Desplanques, a confirmé que l’intégralité des habitations serait bien détruite lundi. Mais il restera encore des débris à évacuer pour nettoyer complètement le terrain. En revanche, l’église et la mosquée de fortune, préservées du démantèlement de la zone sud de la «Jungle» en mars et toujours debout, ne devraient pas être détruites pour le moment. A l’église une trentaine de migrants, des femmes et des jeunes, principalement des Érythréens et des Éthiopiens, priaient et chantaient en fin de matinée.
Une dizaine de jeunes migrants ont dormi à la belle étoile devant l’entrée du CAP, «comme depuis cinq jours», selon une bénévole britannique de l’association «Calais Kitchens». Ils sont encore près de 1 500 mineurs à être hébergés au CAP (centre d’accueil provisoire, ndlr), proche de la limite de ses capacités d’accueil. Et ce bien qu’entre 200 et 300 mineurs isolés aient déjà été transférés en Grande-Bretagne.
Samedi soir, un porte-parole du gouvernement britannique a confirmé que «plusieurs centaines d’autres enfants et jeunes gens seront acheminés au Royaume-Uni dans les jours et semaines à venir».
A Paris, des « contrôles administratifs »
Sur place, ces jeunes sont en quête de nouvelles. Tel Mohammed, 18 ans, juché sur son vélo et croisé dans l’ancienne allée «commerçante», qui lance, en français, à une journaliste: «Enchanté!», avant d’ajouter en anglais: «on m’a dit qu’il allait y avoir des bus aujourd’hui, quand?» «Terminé l’Angleterre, je veux rester en France maintenant», dit ce Soudanais, logé dans un conteneur du CAP. «Je n’ai plus aucun ami ici, ils sont tous partis à Amiens ou Arras».
Mais pour l’écrasante majorité d’entre eux, passer de l’autre côté de la Manche reste une idée fixe. «Quand est-ce que je pourrai aller là-bas ? Vous savez, vous ? Je parle un peu la langue et j’ai de la famille, voilà pourquoi je veux y aller, c’est tout. Qu’est-ce que je vais faire en France tout seul ? Mes amis ici veulent tous aller en Angleterre», affirme Ahmed, un Soudanais de 16 ans. «Je n’ai pas de famille là-bas, mais je parle anglais. Je ne veux pas monter dans un bus pour aller ailleurs en France», assure encore Abdallah, 14 ans, Afghan.
Des informations recueillies de plusieurs sources, mais non confirmées officiellement, font en effet état de l’affrètement ces jours prochains de nombreux cars pour conduire les jeunes du CAP vers des Centres d’accueil et d’orientation pour mineurs. Une idée évoquée explicitement par François Hollande samedi dans le Maine-et-Loire.
Pendant ce temps, dans le nord-est de Paris où quelque 2 000 personnes dorment depuis plusieurs jours, et en présence de cordons de CRS, une opération de «contrôle administratif» était en cours lundi sur le campement de migrants. Il s’agit de vérifier le droit au séjour des occupants et l’état sanitaire du campement. Menées régulièrement, ces opérations sont dénoncées par les collectifs de bénévoles. Quelques militants brandissaient des pancartes «non aux rafles des migrants».
Le Quotidien/afp