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Italie : Francesco Totti, 10 de der


L'attaquant vedettte de l'AS Rome Francesco Totti remercie les supporters à la fin du match face à la Juventus, le 14 mai 2017 à Rome. (Photo : AFP)

40 ans, 25 saisons, 785 matches et 307 buts sous un seul maillot, celui de l’AS Rome: Francesco Totti mettra fin dimanche (17h00) dans un Stade Olympique bondé à une carrière romaine immense et paradoxale qui en a fait un Dieu pour les uns, à peine un grand joueur pour les autres.

La suite reste incertaine. En confirmant jeudi qu’il jouerait face au Genoa son dernier match avec la Roma, Totti s’est dit «prêt pour un nouveau défi». Sa vie de joueur n’est donc peut-être pas finie et il n’intégrera pas forcément comme prévu le staff du club.

Mais après dimanche, on ne le verra plus sous le maillot giallorosso, celui qu’il porte depuis mars 1993 et avec lequel il a été l’un des meilleurs joueurs du monde, de l’avis même de Pelé et Maradona. Car si Totti n’a jamais disputé une demi-finale de Ligue des Champions, ni fait mieux qu’une 5e place au Ballon d’Or, il a réussi l’exploit de mettre d’accord ces deux N.10 légendaires qui s’opposent en tout.

Pour le Brésilien, «Totti à son sommet était le meilleur joueur du monde». L’Argentin est même allé un peu plus loin: «Totti est et restera le meilleur joueur que j’aie vu de ma vie», a-t-il dit récemment, provoquant peut-être un froncement de sourcils chez Cristiano Ronaldo, Messi ou Ronaldo. Il faut dire que la carrière du «capitano» est un malentendu. Modèle de longévité et de fidélité, il est un mythe dans sa ville natale et dans son club. Mais son palmarès y est à peu près insignifiant avec un titre de champion et deux Coupes d’Italie.

« Tout le monde savait »

Avec la Nazionale en revanche, il a été champion du monde en 2006. Mais il y a peu d’images, peu de souvenirs, peu de buts ou de passes décisives de Totti sous le maillot bleu alors qu’il y en a tellement en giallorosso. Ce sont ces souvenirs de ballons piqués, de passes de l’extérieur, de frappes en lucarne, de combinaisons avec Batistuta, Montella ou Cassano qui guideront dimanche 65 000 spectateurs jusqu’à l’Olimpico.

Ce Roma-Genoa peut offrir au club de la capitale une place directe en Ligue des Champions mais ça n’est vraiment pas pour ça que les billets se sont arrachés en 24 heures. Totti ne jouera peut-être même pas, ou quelques minutes comme c’est désormais l’habitude, mais les tifosi doivent remercier une dernière fois celui qui fait leur fierté depuis 25 ans, et même un peu plus.

«Je me souviens qu’à Rome, quand on était gosses, Totti était déjà Totti, à huit ans», raconte ainsi Alessandro Nesta, l’autre grand joueur romain des dernières décennies. «Tout le monde savait déjà combien il était fort, tout le monde parlait de lui et avait d’énormes attentes pour lui, un enfant». Cet amour d’une ville, cette excitation, Totti n’a jamais cherché à les fuir. Il en a au contraire fait le sens de sa carrière. Il aurait pourtant pu partir au Real Madrid, il y a 15 ans, quand il était au sommet.

Er Puppone

Il y aurait peut-être gagné un Ballon d’Or et la considération des sceptiques, qui le voient comme le meilleur joueur du monde à ne jamais avoir mis les pieds dans le dernier carré de la Ligue des Champions. «Il a privilégié le cœur avec la Roma mais il pouvait jouer n’importe où. C’est un joueur vraiment exceptionnel», estime pourtant Jérémy Ménez, son équipier à Rome entre 2008 et 2011.

Même sentiment pour Vincent Candela, qui a côtoyé Totti de 1997 à 2005. «C’est un des plus grands, Top 10 mondial des 30 dernières années sans aucun problème. Des pieds comme ça, il y a Zidane, Pirlo et… Après il n’y en a pas beaucoup», assure à l’AFP le champion du monde 1998. Cette saison encore, par bribes, on a pu voir que si les jambes ont bien 40 ans, les pieds et le coup d’œil sont restés ceux d’«Er Puppone» (le gros bébé en dialecte romain, ndlr), ce gamin du quartier de Porta Metronia, qui n’aimait que le foot, Rome et la Roma, et qui en est devenu le roi.

Le Quotidien/AFP