Auteur d’un but contre Caen et élément déclencheur de la rébellion face au PSG, le jeune Sénégalais du FC Metz, Ismaïla Sarr, ne cesse d’épater pour ses débuts en Ligue 1.
Il faut s’attendre à voir affluer des observateurs à Saint-Symphorien, en cette fin de saison. Il s’y passe quelque chose en ce moment. Un talent s’éveille, se confirme même. Il appartient à Ismaïla Sarr, ce jeune Sénégalais arrivé discrètement l’été dernier, avec un poignet dans le plâtre mais aucun vécu en Ligue 1.
Premier transfuge de l’académie Génération Foot directement intégré dans l’effectif professionnel du FC Metz, le natif de Saint-Louis s’est d’abord taillé une spécialité d’agent provocateur. Toutes compétitions confondues, il a déjà obtenu près de 45 fautes (en 29 matches), dont quatre penalties en L1. Puisque les défenseurs souffrent pour l’arrêter, ils le descendent.
À l’image de sa foulée, tout va très vite avec le natif de Saint-Louis, devenu, depuis janvier, le plus jeune international (18 ans) engagé en Coupe d’Afrique des nations. Une étape charnière. Le Sénégalais est revenu transfiguré. « La CAN m’a fait beaucoup de bien , dit-il. J’ai gagné de l’expérience et beaucoup de confiance grâce aux conseils de Sadio Mané, Cheikhou Kouyaté et Cheikh N’Doye. »
C’est Metz qui en tire profit. Depuis son retour du Gabon, Sarr a inscrit trois buts, dont un bijou à Saint-Étienne et une merveille de demi-volée, sur son premier ballon, samedi, face à Caen. L’intéressé avoue une préférence pour cette dernière réalisation, « un super but ». Qu’il a assorti d’une passe décisive contre le PSG, mardi. Encore une première cette saison.
« Et encore , intervient Philippe Hinschberger, s’il avait réussi son grand pont à la fin, on n’aurait pas perdu contre Paris! Isma est une arme pour nous. Il a des qualités de vitesse hors norme. C’est vrai qu’il est revenu plus expansif de la CAN et il comprend mieux les consignes aujourd’hui, même s’il reste un peu rêveur… »
Paradoxalement, ce titulaire en puissance s’est mué en super remplaçant en avril. « Le coach me ménageait , explique-t-il. J’avais une petite lésion derrière la cuisse depuis Saint-Étienne… » Les minutes en moins n’y changent rien. Le Sénégalais s’est montré décisif sur ses deux dernières entrées. Il a même déboussolé la défense parisienne.
«Rester deux ou trois ans à Metz»
« Mes consignes sont toujours les mêmes , reprend l’entraîneur. Je lui demande de prendre de la vitesse et de se replacer défensivement. Il y a plus de direction dans son jeu aujourd’hui et il a compris qu’il devait apprendre à servir ses partenaires pour être mieux servi. Maintenant, il faut qu’il progresse dans ses courses sans ballon. On y travaille. »
Mais le milieu n’attend pas, il s’emballe déjà. Et la cote de Sarr imite sa notoriété : elle monte en flèche. Au point de voir apparaître de grands noms dans la gazette des clubs intéressés. Et des superlatifs dans les médias sénégalais… « Quand je me réveille le matin, je regarde les réseaux sociaux, je vois des Isma par-ci, Isma par-là, et je me dis : « Waouh, c’est trop! » », modère Sarr. Sans nier ses «rêves» de grandeur, mais conscient d’avoir signé un contrat de cinq ans.
« Il faut encore que j’aide cette équipe , conclut-il. Je me vois bien rester encore deux ou trois ans. » Pourvu que les Grenats se maintiennent en L1. Et que la fameuse «offre qui ne se refuse pas» n’arrive pas trop vite sur les bureaux de la direction…
Christian Jougleux (Le Républicain lorrain)