François Hollande a posé jeudi les bases d’une éventuelle future campagne présidentielle en se posant en protecteur de la « maison France », lors de la traditionnelle interview du 14 juillet, qui lui a donné l’occasion de sermonner Emmanuel Macron.
Interrogé d’emblée sur le cas du populaire et turbulent ministre de l’Économie, en conflit ouvert avec le Premier ministre Manuel Valls, auquel il a rendu un hommage appuyé, le président Hollande a rappelé « les règles » du gouvernement: « la solidarité », « l’esprit d’équipe », « défendre le bilan », « être à plein temps dans sa tâche » et « servir jusqu’au bout ».
« Respecter ces règles, c’est rester au gouvernement, ne pas respecter ces règles, c’est ne pas y rester », a lancé M. Hollande, alors que M. Macron, sans se déclarer ouvertement candidat, a promis à ses soutiens « la victoire » en 2017 lors d’une démonstration de force mardi à la Mutualité.
Jeudi sur France 2 et TF1, M. Hollande répondait, depuis l’Élysée, aux questions de David Pujadas et Gilles Bouleau, pour la dernière interview de son quinquennat à l’occasion de la fête nationale.
Toujours très bas dans les sondages, il s’est évertué à défendre son bilan et a posé les bases d’une éventuelle campagne en 2017 en promettant de « défendre la maison France », qui est « fragile » et menacée de « dislocation républicaine ». Il a cependant assuré n’avoir pas encore pris sa « décision » pour la prochaine présidentielle.
En attendant, « ça va mieux en France », a-t-il répété, annonçant « une inversion de la courbe du chômage », ce fameux indicateur auquel il a depuis lié son sort élyséen.
Ce chômage « reste trop élevé », a-t-il admis, tout en assurant que « nous aurons une inversion de la courbe du chômage ». « Ça veut dire que la politique que j’ai engagée, il va falloir la poursuivre », a-t-il dit, prédisant « de nouveau des déficits » et « une perte de compétitivité » si la droite revenait au pouvoir.
M. Hollande a défendu la loi travail « conforme à (ses) valeurs ». « J’ai toujours été un homme de gauche », a-t-il rétorqué aux opposants qui préparent de nouvelles actions pour la rentrée. Le texte, adopté à deux reprises au moyen du 49-3, repasse mercredi devant l’Assemblée pour une adoption définitive.
Quid du plan d’économie annoncé en 2014? « Nous ferons 46 milliards » d’euros d’économies, a-t-il annoncé, au lieu des 50 milliards annoncés. Mais « qui va me faire le reproche » d’augmenter les crédits sur la sécurité, après les attentats de 2015?
Également interrogé sur le salaire, avoisinant les 10.000 euros bruts, du coiffeur de l’Élysée, affaire révélée par Le Canard enchaîné, il a rappelé avoir baissé sensiblement le budget de la présidence depuis 2012, ainsi que son propre salaire. « Et on viendrait me chercher » sur ce terrain! s’est-il exclamé.
Au plan européen, il a rappelé la position française pour une sortie rapide du Royaume-Uni de l’Union européenne après le référendum sur le Brexit, alors que Theresa May a succédé jeudi à David Cameron au 10, Downing Street.
« Plus tôt la Première ministre, Mme May, engagera la procédure de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, meilleure sera la relation future entre l’Europe et le Royaume-Uni et meilleure sera notre propre situation », a souligné M. Hollande, qui a au passage taclé l’embauche, « moralement inacceptable », de l’ancien président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, par la banque d’affaires américaine Goldman Sachs
Concernant l’évolution future de l’Europe, le chef de l’État effectuera une mini-tournée européenne la semaine prochaine, du Portugal à l’Irlande en passant par l’Autriche, la République tchèque et la Slovaquie. Un « sommet », ou une « rencontre », en Italie a déjà été annoncé pour la « fin août » par l’Élysée entre le président français, la chancelière allemande Angela Merkel et le président du Conseil italien Matteo Renzi.
S’agissant de la lutte contre le terrorisme, M. Hollande avait annoncé dès mercredi l’envoi de davantage de soldats français pour conseiller les forces irakiennes en lutte contre le groupe État islamique (EI), ainsi que le redéploiement à l’automne du porte-avion Charles-de-Gaulle au Moyen-Orient.
Le président de la République avait, avant son interview, présidé le défilé militaire sur les Champs-Élysées. Le secrétaire d’État américain John Kerry était notamment présent, ainsi que de nombreux membres du gouvernement, dont M. Macron, au deuxième rang.
Plus de 11.500 policiers et gendarmes sont mobilisés à Paris pour sécuriser les festivités du 14 juillet dans un contexte de « menace terroriste élevée », moins de deux semaines avant la fin programmée, le 26 juillet, de l’état d’urgence déclenché le soir des attentats du 13 novembre.
Le Quotidien / AFP
Là les Français sont sauvés….