Gianni Infantino voyage sur easyJet, se prononce pour des tests de vidéo et se rend samedi sans cravate à un match: le nouveau président de la Fifa a fait étalage d’un nouveau style vendredi lors d’une rencontre avec la presse.
Une semaine pile après son élection à la tête d’une institution à l’image plus qu’écornée, l’Italo-Suisse de 45 ans donnait sa première conférence de presse, à Cardiff, à la veille d’une réunion du Board (organe gardien des lois du jeu). Et il y est venu par un vol à bas coût, parce que c’était «la meilleure option». Ce qui tranche forcément avec le train de vie réputé fastueux de son prédécesseur Sepp Blatter.
« Optimiser les coûts »
«Il y aura certainement des fois où je devrai prendre des voyages privés, si je dois aller dans trois pays le même jour par exemple, je ne vais pas toujours voyager sur easyJet, a-t-il relativisé. Tout le monde à la Fifa doit travailler à optimiser les coûts, c’était mon travail à l’UEFA. Ce ne sera plus mon travail, ce sera celui du secrétaire général, mais je lui donnerai ma philosophie. Ce n’est pas notre argent, c’est l’argent du foot, et je suis très sérieux avec ça.»
Simplicité encore dans le code vestimentaire: «Il y a des occasions où il faut porter la cravate et ressembler à un président, c’est aussi une institution et il faut la protéger, mais si je vais voir un match, j’y vais sans cravate. Demain (samedi) je vais voir Swansea-Norwich et je n’aurai pas de cravate». Va-t-il reprendre l’appartement de Blatter alloué par la Fifa? «Pas pour le moment, a-t-il répondu. Je vais rester dans le petit appartement près de la Fifa et nous verrons».
A-t-il discuté avec son prédécesseur ? «Vous voulez parler de M. Hayatou?», a enchaîné Infantino en parlant du président intérimaire pendant la suspension de Blatter, déclenchant un grand rire dans la petite salle. Revenant sur Blatter: «J’ai brièvement parlé avec lui, pour recevoir ses félicitations, et c’est tout, a dit le nouveau président. Nous aurons certainement l’occasion de nous croiser. Je suis élu et je suis responsable devant les fédérations qui m’ont élu».
« L’esprit ouvert »
«Gianni», comme l’appellent les journalistes, s’est aussi attaché à dégager des symboles pour ses premiers pas de président. Sa venue au Board? «Ce n’était pas prévu, mais c’est une coïncidence agréable de parler foot pour mon premier voyage hors de Suisse en tant que président. Le Board, c’est l’histoire, la légende du foot».
Et le principal sujet abordé samedi sera l’extension du recours à la vidéo. «Il est toujours important de protéger la tradition, le foot est resté celui qu’on connaît car des gens sages l’ont protégé, a dit Infantino. Mais nous ne pouvons pas fermer les yeux au progrès. Voyons, testons. Peut-être qu’il faudra encore quelques années pour avoir la bonne solution».
«Par rapport aux autres sports, le foot a sa fluidité, il faut voir comment la technologie impacte cette fluidité, a-t-il précisé. Mais je n’ai peur de rien. Il ne faut pas avoir peur, nous devons reconnaître que nous sommes en 2016, il faut être ouvert, j’y vais avec un esprit très ouvert». Symbolique encore, mais très personnelle, son arrivée à Bristol où son avion l’a déposé avant qu’il ne rallie Cardiff en voiture: le don du sang qu’il a reçu bébé lui a «sauvé la vie quand j’avais cinq jours, grâce à deux donneurs, un de Bristol et un de Belgrade».
Incarner le leadership tout en ayant «l’esprit ouvert», expression martelée, cela se retrouve dans sa proposition d’étendre la Coupe du monde à 40 équipes. «C’était dans ma profession de foi, j’y crois, mais je ne suis pas un dictateur, a-t-il avancé. Si on me dit que ce n’est pas le bon chemin, ce sera dur pour moi mais ce sera comme ça. Mais quand j’ai quelque chose en tête, je suis assez convaincant. Ce sera une discussion que j’aurai avec beaucoup de monde et avec l’esprit ouvert».
Le Quotidien