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Incendie mortel à Rouen : « C’était comme un lance-flammes »


Les témoins racontent la violence de l'incendie qui a ravagé le bar "Au Cuba Libre" de Rouen et a fait 13 morts. (Photo AFP)

« J’étais au bar, au rez-de-chaussée. On a vu les flammes, c’était comme un lance-flammes, tout a été très vite ». Encore choquée, Stéphanie témoigne de la violence de l’incendie qui a ravagé le bar « Au Cuba Libre » de Rouen et a fait 13 morts.

Il est un peu plus de minuit dans la nuit de vendredi à samedi. Stéphanie, 36 ans, attend son compagnon Deb, 31 ans, qui vient la rejoindre alors que l’incendie fait déjà rage. Ils feront partie de la vingtaine de personnes présentes au rez-de-chaussée qui auront pu échapper au feu.

Mais dans le sous-sol exigu du petit bar, où se déroulait la fête d’anniversaire, une vingtaine de jeunes sont restés prisonniers des flammes et des fumées, qui se sont rapidement propagées en raison de l’embrasement du plafond, recouvert d’un isolant phonique.

C’est la chute de la personne qui portait le gâteau et ses bougies qui a provoqué l’incendie, selon les premiers éléments de l’enquête.

« J’étais sur les lieux au moment de l’incendie », raconte Amar Ould Said, 40 ans. « Ils sortaient des corps toutes les deux minutes. Ils avaient aménagé un espace de soins sur le trottoir d’en face ». Sur l’autre côté de l’avenue Jacques-Cartier, une grande artère sud-nord de Rouen, proche de la Seine, les premiers soins ont en effet été donnés aux blessés avant leur transport à l’hôpital.

« Plus qu’un bar, une famille »

Le bar était très prisé au sein de ce quartier populaire de la rive sud de Rouen, à moins de 200 mètres de la Seine. Il était fréquenté surtout par des jeunes.

Devant le bar, que la police a entouré de barrières métalliques, des jeunes et moins jeunes, souvent en pleurs, viennent accrocher des bouquets, ou seulement une simple rose. « Ce bar, c’était plus qu’un bar, c’était une famille, c’est là qu’on se retrouvait pour être ensemble », se désole Willy, 20 ans, devant la façade calcinée orange et bordeaux et la vitrine détruite de l’établissement.

Dans le courant de l’après-midi la mère d’une des victimes vient sur les lieux. Assise à l’entrée d’une laverie toute proche elle parle en pleurs à des personnes qui la réconfortent. « Je l’ai vue à l’hôpital ce matin, elle avait le visage tout brûlé. Ils n’ont rien pu faire », raconte la maman. « Elle venait d’avoir 18 ans (…) Je ne voulais pas qu’elle aille à cette soirée, elle ne m’a pas écoutée… »