Le suspect arrêté mercredi après le plus grave incendie depuis 2005 à Paris, qui a fait huit morts dans un immeuble du nord de la capitale, doit être présenté samedi à un juge qui pourrait le mettre en examen.
Les corps d’un homme de 63 ans, une femme de 44 ans, et deux enfants de 8 et 14 ans, vraisemblablement de la même famille, avaient été retrouvés dans un logement au cinquième étage, selon une source proche de l’enquête. Un autre corps a été retrouvé dans un logement du même étage, un sixième dans la cage d’escalier, tandis que deux victimes sont décédées après s’être défenestrées pour échapper aux flammes qui les avaient surprises dans leur sommeil, dans la nuit de mardi à mercredi.
Les pompiers étaient parvenus à extraire sept survivants du brasier.
Les enquêteurs avaient immédiatement privilégié la piste criminelle pour le sinistre survenu dans cet immeuble privé du 4, rue Myrha, dans le XVIIIe arrondissement, récemment rénové selon les autorités.
Le suspect, un homme de 36 ans, avait été interpellé mercredi à proximité du lieu du drame, survenu dans ce quartier populaire. Présenté par des sources proches du dossier comme un marginal ayant des antécédents psychiatriques et connu de la police pour des faits de petite délinquance, il a nié durant sa garde à vue être l’incendiaire.
Au terme de cette garde à vue interrompue par une admission jeudi à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police, il a été déféré au parquet samedi à la mi-journée, dans le cadre d’une enquête ouverte pour destruction et dégradation par incendie ou moyen dangereux ayant entraîné la mort de huit personnes. Quatre autres ont été blessées.
Le parquet a requis son placement en détention.
«Ce sont les classes populaires qui dégustent»
Il avait été interpellé en possession d’une bougie et d’un briquet.
Selon une source proche du dossier, les enquêteurs disposent d’images de vidéosurveillance le montrant passer près du bâtiment à plusieurs reprises la nuit du sinistre. On ne le voit toutefois pas entrer dans l’immeuble, selon cette source.
La piste criminelle a notamment été privilégiée car les pompiers ont été appelés pour deux départs de feu successifs, à deux heures d’intervalle dans la nuit de mardi à mercredi, à cette même adresse. Après un feu de papiers limité, l’incendie qui a embrasé l’immeuble de cinq étages s’est déclaré au rez-de-chaussée avant de se propager dans la cage d’escalier.
Vendredi, des centaines de personnes, familles, proches, enseignants, visages marqués, parfois en pleurs, ont défilé en hommage aux victimes.
«C’est toujours les classes populaires qui dégustent dans les incendies», a relevé lors de cet hommage Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l’association Droit au logement (DAL).
En 2005, Paris avait été endeuillé par une vague d’incendies qui avaient fait une cinquantaine de morts. Les plus meurtriers avaient été celui de l’hôtel Paris-Opéra (24 morts, dont 11 enfants) en avril et celui du boulevard Vincent-Auriol (17 morts, dont 14 enfants) en août.
AFP/M.R.
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