Un homme de 23 ans, placé depuis fin 2014 dans le Centre hospitalier neuropsychiatrique (CHNP) à Ettelbruck, a dû comparaître mardi à la barre pour pas moins de quatre affaires. Le parquet reproche notamment au prévenu de s’être rebellé trois fois avec violence contre plusieurs agents de police.
Le premier fait remonte au 17 avril 2011. Il était autour de 3h quand l’actuel prévenu avait fait l’objet d’un contrôle d’identité aux rives de Clausen où une rixe avait éclaté. C’est lors de ce simple contrôle que la situation avait dégénéré; il avait entre autres traité les agents de police de «fils de pute» et les avait menacés de mort. Une fois qu’il s’était retrouvé seul dans leur fourgonnette, il avait carrément endommagé par ses coups de pied la porte coulissante jusqu’à ce qu’elle sorte de ses gonds.
« Je pensais qu’ils allaient m’arrêter. Ma mère en avait déjà assez de moi. J’avais peur qu’elle me jette dehors », a expliqué le prévenu, mardi à la barre, quant à cette première rébellion. La partie civile représentant l’État a demandé un peu plus de 1600 euros pour les coûts de réparation de la fourgonnette.
Ce n’est pas la seule rébellion reprochée au prévenu. Seulement quelques semaines plus tard, le 7 mai 2011, il s’était fait remarquer après minuit dans l’avenue de la Gare.
Avec un chien de combat sans muselière
D’après l’agent de police entendu mardi à la barre pour cette affaire, il criait et gesticulait autour de lui en compagnie d’un chien de combat sans muselière. « Je n’étais pas bien dans la tête », est la seule explication que le prévenu a su livrer face aux juges de la 12e chambre correctionnelle.
Mais toujours est-il que les agents de la police ont eu du mal à maîtriser l’homme avec son chien lors de ce nouveau contrôle d’identité. « Il avait une force indescriptible », a témoigné l’agent qui a reçu un violent coup de pied au niveau du genou. Ce dernier s’en rappelle encore bien aujourd’hui. La fracture d’un de ses os avait engendré une incapacité de travail de 49 jours au policier ainsi qu’une incapacité permanente de 5%. La partie civile demande près de 8000 euros de dommages et intérêts (1500 euros d’indemnité de procédure inclus).
Enfin, le 17 janvier 2012, le prévenu s’était pour la troisième fois rebellé contre les agents de police. Ce soir-là, il avait pris le train d’Ettelbruck à Luxembourg sans acheter de ticket. En gare de Luxembourg, la police l’attendait donc pour un contrôle d’identité. Le prévenu avait alors violemment repoussé les agents avec son torse. Or, de cet épisode, il dit ne plus avoir de souvenir du tout. Pourtant, il sait qu’à cette époque il consommait du cannabis.
Quant au quatrième fait que le parquet lui reproche – le vol d’une bouteille de whisky dans un supermarché à Bonnevoie le 21 janvier 2012 – il explique l’avoir fait « comme ça ». « Si vous continuez ainsi, cela ne durera pas longtemps jusqu’à la prison », lui a alors fait comprendre le président de la chambre correctionnelle. « Je vais essayer de ne plus rien faire », était la conclusion du prévenu. Son assistante sociale qui l’accompagne au CHNP d’Ettelbruck, quant à elle, a a attesté du fait qu’il se trouvait sur le bon chemin et était « correct et coopératif ».
Dans sa plaidoirie, l’avocat Me Roby Schons a souligné que son mandant avait été placé dans un centre médical fermé pour une psychose. Il a ensuite plaidé l’irresponsabilité pénale du prévenu et demandé la suspension probatoire du prononcé : « Qu’il prenne son traitement et fasse des efforts pour s’intégrer dans ce centre de santé mentale. » La défense conteste, par ailleurs, le temps de travail (7 heures) indiqué par le garage de la police grand-ducale pour la réparation de la fourgonnette endommagée.
« Le prévenu est en aveu pour le vol, pour le reste des infractions en partie », a enfin résumé la représentante du parquet avant de requérir deux ans de prison ainsi qu’une amende contre le prévenu.
Le 9 juillet, le tribunal rendra son jugement.
Fabienne Armborst