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Il avait enterré sa chienne vivante : six mois avec sursis requis


Un promeneur avait découvert la chienne avec, autour de son cou, une laisse attachée à un sac de pierres, le tout profondément enterré pour l'empêcher de refaire surface. (archives DR)

La chienne avait été retrouvée enterrée vivante en bord de Seine, sa laisse lestée de pierres. Jugé mercredi à Versailles pour « acte de cruauté », son propriétaire a assuré, sans convaincre le tribunal, qu’il ne lui avait jamais fait de mal.

Ce 1er août 2015 à Carrières-sur-Seine, un promeneur remarque une forme étrange qui se dessine sous terre. Il s’approche, entend une respiration : la truffe d’un animal dépasse à peine. Il creuse : c’est une chienne, un dogue de Bordeaux. Autour de son cou, une laisse attachée à un sac de pierres, le tout profondément enterré pour l’empêcher de refaire surface. Dans le trou, une gourmette où est inscrit « Maman ». La chienne, affaiblie et choquée, est prise en charge par des vétérinaires.

La police interpelle rapidement son propriétaire. « J’ai jamais maltraité mon chien », se défend celui-ci, sans avocat, devant le tribunal correctionnel. Cheveux ras, fine barbe, larges épaules, l’homme de 22 ans assure que l’animal s’est enfui alors qu’il le promenait en pleine nuit. Il évoque des problèmes personnels et professionnels : « J’avais tellement de soucis, le seul réconfort dans ma vie c’était de m’occuper de mon chien ». Mais il peine à convaincre : la chienne, nommée Athéna, était âgée de 10 ans et handicapée. « Votre chien, il est dans un tel état que s’enfuir sans que vous le retrouviez, ça pose un peu question », lui lance la présidente, et « vous n’avez pas remué ciel et terre pour le retrouver ! ».

« Le supplice de la tombe »

Elle avance l’hypothèse d’une chienne devenu « un poids » pour le prévenu. Celui-ci a « peut-être été dépassé par la possession de ce chien » âgé et boiteux, appuie le procureur, mais s’il voulait s’en débarrasser, « il aurait pu l’amener à une association ». Quant à la version du prévenu, « si quelqu’un avait croisé la chienne dans la nuit, il n’aurait pas pris le temps de creuser un trou… » Pour « acte de cruauté » mais aussi pour avoir copieusement insulté les policiers qui l’ont interpellé, l’accusation a requis à son encontre six mois d’emprisonnement avec sursis et l’interdiction à l’avenir de détenir un chien.

Plusieurs organisations de défense des animaux – SPA, 30 millions d’amis, Fondation Brigitte Bardot, Fondation assistance aux animaux, Société nationale pour la défense des animaux, association Stéphane Lamart – parties civiles, ont demandé à l’audience des dommages et intérêts et l’interdiction pour le prévenu de détenir un animal. « Il n’ose pas la tuer, il se dit : la terre va faire son œuvre, c’est le supplice de la tombe », a lancé Me Christophe Forge, pour la Fondation assistance aux animaux. Puis « la police lui dit : on a votre chienne, il dit non, non ! La morte est vivante, choc ! »

La chienne, qui avait repris du poil de la bête avant d’être adoptée par une famille d’accueil, est malheureusement morte en début d’année. Le jugement sera rendu le 29 juin.