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Il avait appelé 450 fois son ex-épouse en six mois


L'audience s'est déroulée lundi devant la 18e chambre correctionnelle du tribunal d'arrondissement de Luxembourg. (photo F.A.)

Le prévenu appelé à comparaître lundi devant le tribunal correctionnel avait multiplié les coups de fil à son ex-épouse fin 2012. Menaces de mort, viol, harcèlement obsessionnel par téléphone ou dans la rue : la liste des infractions que le parquet reproche à ce prévenu d’origine cap-verdienne à l’égard de son ex-épouse est longue. Les faits remontent en partie jusqu’à l’année 2008.

« C’est quelqu’un qui semble assez possessif et qui a très mal digéré la séparation d’avec son épouse. Il a besoin de contrôler les faits et gestes de Madame. » Voici comment le premier substitut du procureur d’État, Laurent Seck, a résumé dans son réquisitoire, lundi matin, l’affaire après le passage à la barre des différents témoins.

Initialement, deux audiences étaient prévues pour cette affaire devant la 18e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Mais le prévenu ne s’étant pas présenté, tout a finalement pu se tenir en moins d’une séance. Étant donné qu’il avait aussi changé d’avocat vendredi à la dernière minute, il n’avait pas non plus de défense pour le représenter.

Retour sur les faits qui sont reprochés au prévenu. Ils étaient plusieurs témoins, lundi, à déclarer qu’il poursuivait, frappait et menaçait régulièrement son ex-épouse.

L’un des policiers entendus est notamment revenu sur l’épisode du 5  septembre 2012 où il avait rencontré la victime avec une autre femme devant le parlophone du commissariat d’Esch-sur-Alzette  : « La dame, qui tenait une enfant dans les bras, était très nerveuse, elle tremblait. À 20 mètres, l’homme les attendait. » Pour le témoin, à première vue, c’était « une histoire confuse », étant donné qu’à la différence de la femme, l’homme, lui, était « très tranquille, comme s’il jouait un rôle » .

C’est seulement en voyant la série d’appels en absence sur le portable de la victime qu’ils l’avaient réellement crue. Une perquisition chez l’opérateur téléphonique avait ensuite permis de relever qu’entre juillet et décembre  2012, l’homme avait au total appelé 462  fois son ex-épouse. En revanche, cette dernière n’avait composé que 107  fois son numéro.

Devant la police, le prévenu avait contesté avoir poursuivi et harcelé son ex-épouse. Il avait expliqué ses nombreux contacts téléphoniques par le fait qu’il se faisait des soucis pour son enfant.

À la barre, l’ex-épouse a toutefois confirmé hier avoir été poursuivie à maintes reprises par son ex. Contrairement à ce que prétend le prévenu, elle a aussi été violée pendant l’été  2012 chez elle à Esch-sur-Alzette. C’était un jour où elle ne se sentait pas bien et qu’elle s’était allongée sur le canapé. Son ex-époux serait entré chez elle sans autorisation. Or à l’époque, elle n’avait pas porté plainte.

Six ans de prison et une amende requis

À la question de savoir pourquoi elle-même l’avait appelé 107 fois entre juillet et décembre 2012, elle explique : «Je voulais qu’il soit bien avec notre fille.» La victime ne souhaite pas demander des dommages et intérêts. «Maintenant (NDLR  : depuis qu’il a été placé sous contrôle judiciaire), il me laisse tranquille, je me sens bien. Il m’a fait beaucoup de mal, mais c’est le père de ma fille.»

La femme qui le 5  septembre  2012 avait par hasard croisé la victime dans les rues d’Esch-sur-Alzette et qui l’avait finalement accompagnée jusqu’à la police a également témoigné, lundi à la barre. «Elle avait le visage terrorisé», a-t-elle dit pour décrire l’état de la victime cet après-midi-là, avant d’indiquer que l’actuel prévenu n’avait cessé de les suivre.

«Je ne te poursuis pas, je suis mon enfant», aurait-il fini par lui lâcher en cours de route. «Il nous suivait encore quand nous avons pris le chemin en direction de la police. J’étais terrorisée aussi», a fini par déclarer le témoin qui ajoute aussi avoir été marquée par le fait qu’«il poussait son ex-épouse alors qu’elle tenait la petite dans les bras».

D’après l’expert psychiatre, le prévenu ne souffre d’aucun trouble psychiatrique. Le parquet est d’avis que le tribunal doit mettre fin au calvaire subi par Madame pendant des années. «Il suit Madame en pleine rue, la frappe, la menace en présence de témoins. Il n’a pas pris peur. Il les a suivies jusqu’au commissariat de police d’Esch-sur-Alzette», a rappelé le premier substitut du procureur d’État avant de requérir six ans de prison et une amende contre le prévenu. Le 9  juillet, le tribunal rendra son jugement.

Fabienne Armborst