Percuté au visage par un pommeau de douche en ouvrant un robinet, il avait perdu un œil et son emploi : un ancien chauffeur routier a fait condamner cet été l’hôtel où s’est produit son accident, a-t-on appris mardi de source judiciaire.
Dans une décision rendue le 2 juillet, la cour d’appel de Paris a condamné cet hôtel de Lyon, ainsi que son assureur, à payer solidairement 412 000 euros de dommages et intérêts à la victime.
Aujourd’hui âgé de 38 ans, ce Macédonien, résident espagnol, avait passé il y a sept ans la nuit dans un hôtel lyonnais, en route vers Paris lors d’un voyage d’agrément. Le 5 août 2011 au petit matin, alors qu’il ouvrait le robinet de la douche, le pommeau avait été violemment propulsé sur son œil droit du fait de la pression de l’eau. Il avait entièrement perdu l’usage de cet œil et toute possibilité de reprendre son emploi de chauffeur routier international, grâce auquel il gagnait bien sa vie.
Des experts avaient jugé son récit compatible avec sa blessure. Parmi eux, un ingénieur avait souligné qu’une forte pression d’eau dans le tuyau souple reliant la douchette à la robinetterie pouvait avoir propulsé le pommeau contre la victime, pour peu que cette douchette ait été « mal enclenchée dans son support » ou « orientée de façon quasi-horizontale ». Et ce, sans même que le pommeau se détache du tuyau – l’hôtel n’avait eu aucune réparation à effectuer.
Soulagement après sept ans de combat
Alors que le tribunal de grande instance de Paris avait débouté le plaignant en 2016, la cour d’appel a au contraire pointé des « présomptions suffisamment graves, précises et concordantes, de nature à établir l’existence d’un manquement fautif » de la part de l’hôtelier, qui n’a pas apporté la « preuve » « d’un dispositif de sécurité efficace concernant les installations de douche ».
Le plaignant demandait au total 1,3 million d’euros de dommages et intérêts. Mais « malgré les séquelles », il « conserve une capacité de gains » par le biais d’autres emplois, ont noté les juges d’appel. Depuis son accident, il a notamment travaillé comme concierge, peintre ou salarié de l’Organisation nationale des aveugles espagnols.
« Mon client est soulagé que, après sept ans de combat judiciaire, l’hôtel soit enfin reconnu responsable de son très grave préjudice », a réagi auprès l’avocat de la victime.
LQ/AFP