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Huit morts dans un incendie à Paris, la piste criminelle privilégiée


En cause, deux départs de feu successifs, à deux heures d'intervalle dans la nuit de mardi à mercredi, dans ce même immeuble d'un quartier populaire et d'immigration au sein du 18e arrondissement. (photo AFP)

La piste criminelle était privilégiée mercredi après le décès de huit personnes, dont deux enfants, lors d’un incendie dans leur immeuble d’habitation dans le nord de Paris, le plus grave depuis 2005 dans la capitale française.

« J’ai vu des flammes, j’ai vu des corps par terre inanimés », a raconté Tissem Ferjani, une pâtissière qui habite dans ce quartier populaire de Paris. « Il était à peu près quatre heures du matin, j’ai été réveillée par les cris, les gens criaient à l’aide, ils n’avaient pas de choix, soit ils restaient chez eux et ils mouraient soit ils sortaient par la fenêtre et ils tombaient. Tous les habitants du quartier sont sortis pour essayer d’aider. »

Le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a déclaré sur la radio Europe 1 que « la piste criminelle était privilégiée ». Le parquet de Paris a dit avoir chargé la brigade criminelle de la police judiciaire de l’enquête. « Rien n’est encore établi, il faut être prudent, mais enfin cette piste est pour l’instant regardée avec beaucoup d’attention », a ajouté le ministre.

(photo AFP)

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« Tout est mis en oeuvre pour faire la lumière sur l’origine de ce drame », a assuré le président François Hollande dans un communiqué.

En cause, deux départs de feu successifs, à deux heures d’intervalle dans la nuit de mardi à mercredi, dans ce même immeuble d’un quartier populaire et d’immigration au sein du 18e arrondissement. Il y a donc eu « deux interventions différentes à la même adresse », à 2h23 et 4h30, a dit sur place un porte-parole des pompiers de Paris, le commandant Gabriel Plus. Le premier était un feu de papiers « limité », les victimes sont mortes à la suite du second départ de feu.

« Il est évident que quand on a deux appels dans la même nuit, on ne peut pas ignorer que ça peut être un acte de malveillance », a ajouté à son côté le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Pierre-Henry Brandet.

Une ou des personnes auraient été vues s’éloigner en courant après le départ du feu, et la police cherche à savoir s’ils sont impliqués, selon les premiers éléments de l’enquête.

Le ministre Bernard Cazeneuve, qui s’est rendu sur les lieux, a déploré un « bilan très lourd: huit morts, quatre blessés ». Parmi les personnes décédées, deux se sont défenestrées face à la progression des flammes, les autres sont mortes intoxiquées, selon les pompiers.

Feu « du rez-de-chaussée au toit »

Le feu s’est déclaré au rez-de-chaussée de l’immeuble avant de se propager dans la cage d’escalier. Selon le porte-parole des pompiers, les cinq étages de cet immeuble du 4 rue Myrha ont été touchés par le feu « du rez-de-chaussée au toit ». Une grande léchée noire verticale était visible mercredi matin sur trois niveaux, tandis que des pompiers avec de la sciure noire sur le visage sortaient de l’immeuble, dans une forte odeur de brûlé.

« On est maîtres du feu », mais « on annoncera que le feu est éteint quand on sera sûrs que ça ne reprend pas », a expliqué le porte-parole des pompiers, qui ont déployé une centaine d’hommes pour maîtriser le sinistre.

« L’immeuble est un immeuble privé », « il ne relève ni du logement social, ni du traitement pour insalubrité », a assuré la maire de Paris Anne Hidalgo. Selon Bernard Cazeneuve, le bâtiment avait fait l’objet d’une « rénovation récente » et était « sécurisé » par un « digicode ». Une quinzaine de logements auraient été touchés, a ajouté la maire. « Paris est endeuillée ce matin », a-t-elle déclaré.

Il s’agit de l’incendie le plus meurtrier depuis 2005 à Paris, année où une vague de feux avait fait une cinquantaine de morts dans la capitale. Les plus meurtriers avaient été celui de l’hôtel Paris-Opéra (24 morts, dont 11 enfants) en avril et celui du boulevard Vincent-Auriol (17 morts, dont 14 enfants), dans le 13e arrondissement en août.

AFP / S.A.