L’Assemblée nationale a rendu hommage mercredi aux 33 premières femmes élues députées il y a exactement 70 ans.
Ces femmes « ont été les actrices d’une première victoire dans le long combat, toujours inachevé, pour l’égalité entre les femmes et les hommes », a lancé la vice-présidente de l’Assemblée Sandrine Mazetier (PS) depuis le perchoir, à l’ouverture de la séance des questions au gouvernement. Une partie des députées actuelles a fait une entrée groupée dans l’hémicycle à cette occasion, sous les applaudissements. « Merci De Gaulle », s’est exclamé un élu de droite.
A une question de Catherine Coutelle, présidente (PS) de la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée, sur « comment imposer » la parité en 2017 à l’Assemblée, la secrétaire d’État Pascale Boistard a estimé qu’ « il reste beaucoup de chemin à faire » et « il en va de la responsabilité des partis politiques », dont certains « préfèrent payer des amendes que respecter la loi », dans une allusion notamment aux Républicains.
Sandrine Mazetier a estimé que « ces femmes ont écrit l’histoire de notre pays » mais « l’Histoire peine à leur rendre justice ». Le buste d’Olympe de Gouges, figure de la Révolution guillotinée et pionnière du féminisme, qui devait initialement être installé en salle des Quatre-Colonnes en ce jour anniversaire, le sera ultérieurement, car il n’est pas prêt.
Des résistantes et des survivantes
Devant un parterre essentiellement féminin, dont de nombreuses députées actuelles, Sandrine Mazetier a encore salué la mémoire de ces « 33 femmes d’exception » élues en 1945, un an et demi après le droit de vote accordé aux femmes. Il y avait parmi elles « de très grandes résistantes », comme Marie-Claude Vaillant-Couturier, des « survivantes des camps nazis » telle Denise Ginollin, et encore des avocates, parmi les premières inscrites au barreau dont Madeleine Léo-Lagrange.
Elles étaient issues « de familles bourgeoises ou de milieux très modestes » et trois avaient commencé à travailler à l’âge de 11 ans. Elles se sont révélées « des députées très actives », proposant notamment dès 1947 « une égalité professionnelle et de rémunération entre les femmes et les hommes », a noté une élue de Paris.
Une seule est encore vivante, Raymonde Nédelec, qui fêtera jeudi ses 100 ans. Elle était communiste, tout comme seize autres. Ces femmes représentaient à l’époque 5,6% du total des 586 députés. Actuellement, elles sont 151 femmes sur 577, soit 26%, proportion inédite sous la Vème République. En parallèle, « les droits des femmes ont progressé », mais « ces acquis sont fragiles, sans cesse menacés, et loin d’être universels », a relevé Sandrine Mazetier.
AFP/A.P