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Hollande détaille sa dernière tentative pour faire baisser le chômage


Le président François Hollande, le 16 janvier 2016 à Tulle. (Photo : AFP)

François Hollande détaille lundi le financement et les modalités de son plan d’«urgence» contre le chômage, axé sur la formation, l’apprentissage et des aides à l’embauche pour les PME, dans l’espoir d’inverser enfin la courbe d’ici à la fin du quinquennat.

Le président, qui entre dans la dernière année pleine de son mandat, l’a dit et redit: l’inversion de la courbe du chômage, que son gouvernement promettait avant fin 2013, déterminera sa candidature à un second mandat en 2017.

Or le temps presse avec 650 000 chômeurs supplémentaires inscrits à Pôle emploi depuis son élection en 2012. Et malgré une petite baisse, 3,57 millions de demandeurs d’emploi n’avaient aucune activité en novembre, selon les derniers chiffres de Pôle emploi.

En fin de matinée, François Hollande annoncera ses dernières mesures aux acteurs de l’entreprise et de l’emploi, ainsi qu’aux principaux leaders syndicaux et patronaux, présents au Conseil économique, social et environnemental (Cese).

Il a déjà révélé les principaux volets de son plan lors de ses vœux télévisés le 31 décembre: 500.000 formations supplémentaires pour les chômeurs, une aide à l’embauche pour les TPE et PME et des mesures en faveur de l’apprentissage.

«Peut-être» que ces mesures, «même si ça ne serait qu’un effet statistique, permettront d’inverser la courbe», a estimé le numéro un de Force ouvrière Jean-Claude Mailly sur France 2 lundi.

Selon son entourage, François Hollande précisera lundi le financement du plan. Le ministre des Finances, Michel Sapin, a laissé entendre qu’il coûterait environ deux milliards d’euros à l’État — «qui seront compensés intégralement par des économies ailleurs», a-t-il assuré.

Sur le volet formation, le gouvernement peut compter sur les partenaires sociaux qui sont convenus pour 2016 d’un effort supplémentaire de 80 millions d’euros par rapport à 2015. La question de la participation des régions au financement reste posée.

Selon la ministre du Travail, Myriam El Khomri, les formations cibleraient les chômeurs les moins qualifiés et seraient axées sur les secteurs d’avenir (numérique, environnement…) et les emplois non pourvus. Des questions se posent toutefois sur les capacités d’accueil des organismes de formation.

« Arroser le sable »

Le gouvernement prévoit également de lancer une aide exceptionnelle à l’embauche pour les TPE et PME. Plusieurs médias évoquent une prime de 1 000 à 2 000 euros pour toute embauche d’un salarié rémunéré jusqu’à 1,3 fois le Smic.

Elle s’ajouterait aux nombreuses primes existant déjà pour les TPE, notamment la prime à la première embauche et celle pour l’accueil d’un apprenti mineur, toutes deux annoncées au printemps 2015. Laurent Berger, numéro un de la CFDT, s’est dit dimanche «pas fan du tout», mettant en cause «des effets d’aubaine» pour les entreprises qui avaient de toutes façons décidé d’embaucher. Donc, «on arrose un peu le sable».

Le plan gouvernemental devrait aussi inclure de nouvelles mesures de relance de l’apprentissage, qui seront également précisées lundi. En outre, le président se penchera sur la future réforme du Code du travail. Annoncée cet automne, elle doit donner une nouvelle architecture au Code du travail en deux ans, avec un objectif affiché de doper l’emploi.

«Je pense que notre politique est la bonne», a estimé Manuel Valls samedi. «Avec une croissance davantage soutenue, avec des entreprises qui n’ont pas peur d’embaucher, parce que certains patrons notamment dans les PME ont peur de licencier, en faisant en sorte que le marché du travail soit plus souple, je pense que nous aurons des résultats», a-t-il estimé.

L’opposition, elle, n’est pas convaincue par le plan d’urgence pour l’emploi considéré comme «une insulte aux chômeurs» par Guillaume Larrivé, un des porte-parole du parti Les Républicains.

«Les chefs d’entreprise ne sont pas des chasseurs de prime», a de son côté ironisé l’ancien ministre du Travail Xavier Bertrand (LR), président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, plaidant plutôt pour «une baisse de charges» dans un entretien lundi aux Echos.

Selon un récent sondage Odoxa pour iTELE, 77% des Français pensent que le plan d’urgence ne fera pas baisser le chômage.

AFP/M.R.