Parfois épatant dans son animation offensive la saison passée, alors même qu’il ne possédait pas de véritable attaquant de pointe, le Progrès tâtonne aujourd’hui pour trouver une formule convenable avec un véritable avant-centre. Il va affronter l’inquiétant RM Hamm Benfica en n’ayant pas encore trouvé son point d’équilibre.
Le Progrès a oublié comment on fait. Jouer avec un véritable avant-centre, cela faisait longtemps que ça ne lui était plus arrivé, puisque ni Menaï ni Rougeaux, qui ont alterné au poste la saison passée, ne le sont réellement. Alors avec une pointe du gabarit de Pino Rossini, qui soit un vrai remiseur, lui facilite encore moins la tâche : l’Italo-Belge et son 1,93 mètre devaient être une solution, pour le moment ils sont plutôt une équation à plusieurs inconnues.
Non pas que l’attaquant, ancien professionnel à la carte de visite impressionnante n’ait pas prouvé, déjà, ce qu’il peut apporter à la panoplie offensive niederkornoise. Mais lui et ses partenaires ne se sont pas encore vraiment trouvés. La rencontre a eu lieu, mais elle n’est pas encore fusionnelle.
«En foot, ça ne marche pas comme ça»
Après la reprise à la Frontière et ce match nul ramené contre la Jeunesse, lundi (0-0), le staff technique niederkornois s’est fait un reproche : ne pas avoir suffisamment sensibilisé ses joueurs des couloirs à l’importance de prendre la profondeur dès que Pino Rossini montait au duel aérien. Parce qu’une déviation d’un gaillard comme ça (et il en a sorti quelques-unes de son chapeau) n’a d’intérêt que si, dans son dos, un coéquipier prend l’espace. Et cela, visiblement, ce n’est pas encore entré dans les têtes de garçons qui fonctionnaient sur un tout autre schéma de jeu il y a encore trois mois. « C’est tout un cheminement à faire, reconnaît Olivier Ciancanelli. Chacun va devoir faire 50 % du chemin pour qu’on parvienne à optimiser l’utilisation de Pino. Mais ce serait trop facile si Rossini était arrivé et que tout avait fonctionné directement. En football, ça ne marche pas comme ça! »
On s’en est aperçu face à la Jeunesse. Niederkorn a été stérile et ne s’est même pas, pour ainsi dire, créé d’occasion de but digne de ce nom. De réjouissant en fin de saison dernière, il est apparu terne. Même si cette Vieille Dame hyper-solide, très compacte et costaude physiquement, ne l’a pas aidé du tout.
Contre Hamm, ce samedi, en match avancé, on guettera déjà les frémissements d’un léger mieux. Appuyer, parfois, sur le jeu long, pourrait être plus payant encore que face à la Jeunesse où Delgado, dans les airs, s’est montré vaillant. La paire Umlauf-Veiga offrira-t-elle les mêmes garanties face au jeu de déviation d’un Rossini? Et si ce n’est pas le cas, les joueurs titularisés autour du géant auront-ils mieux assimilé les déplacements que nécessite la nouvelle donne?
Et sinon? Cassan sera de retour?
À la limite, Olivier Ciancanelli se fout d’avoir une réponse à cette question. Il n’a « pas d’inquiétude » et ne fera un bilan sur le sujet du jeu que « dans six mois, même si on espère que ça ira plus vite ». Et puis, ce n’est pas son obsession du moment : « Ce jeu de déviation, ce n’est pas le boulot principal de Pino. Nous, on veut qu’il soit là où ça fait mal, dans les seize derniers mètres, pour couper les passes en retrait ou les centres .» Tiens, oui, c’est une bonne idée. Car le Progrès, en match officiel, n’a pas encore marqué cette saison. Lui qui avait scoré lors de ses neuf derniers matches de la saison passée pour un total de 18 buts…
Face à un adversaire benfiquiste volontiers joueur, le Progrès aura aussi, peut-être, la tentation de s’assurer qu’il pourra varier ses angles d’approche. Cela pourrait passer par la réintégration d’un Cassan, remplaçant surprise à Esch la semaine passée, sacrifié sur l’autel de la solidité et de l’attentisme. Le petit chef d’orchestre sait comment mettre ses flancs en musique si l’option jeu en pivot avec Rossini manque encore de punch. Contre Hamm, cependant, faire le jeu risque de ne pas être le seul souci du Progrès…
Julien Mollereau