Salaires, emploi, conditions de travail: les syndicats de la SNCF, ressoudés, et ceux de la RATP appellent le même jour, mercredi, à cesser le travail, laissant augurer d’importantes difficultés de transports notamment en Ile-de-France.
Dans les deux cas, le mouvement débutera mardi soir (dès 19h00 côté SNCF, 22 heures à la RATP) et s’achèvera jeudi matin. La SNCF, comme la RATP, doivent annoncer d’ici lundi soir leurs prévisions de trafic, au vu des déclarations déposées au minimum 48 heures à l’avance par les agents. Ces grèves, le jour des épreuves du prestigieux concours de l’agrégation pour 3 000 candidats, coïncident également avec une première démonstration dans la rue, à Paris et dans une centaine de villes en région, contre le projet de réforme du code du travail.
Dans le groupe public ferroviaire, l’Unsa s’attend à une «journée marquante» avec une mobilisation «qui ira bien au-delà des personnels roulants». En juin 2013, la précédente grève unitaire des quatre syndicats représentatifs à la SNCF (CGT, SUD, Unsa, CFDT) avait été suivie par environ 70% des conducteurs et contrôleurs et seules quatre liaisons sur dix avaient été assurées en moyenne.
«Cela va être une journée forte, autant qu’en 2013» contre le projet de réforme ferroviaire car «on est arrivés à l’os sur l’emploi», prévient Thierry Nier, porte-parole de la CGT-Cheminots (premier syndicat), selon lequel «même dans l’encadrement, le mécontentement monte». Les syndicats pointent une gestion «catastrophique» des effectifs qui se traduit notamment par des TER supprimés aux heures creuses dans plusieurs régions, faute de personnel. Pour 2016, 1.400 suppressions nettes de postes sont encore prévues. Depuis 2003, la SNCF en a supprimé plus de 25 000, via des départs à la retraite non remplacés.
«Coup de semonce»
Outre la revendication d’une hausse des salaires, les syndicats appellent surtout les cheminots à défendre leurs conditions de travail au moment où se négocient les futures règles communes au secteur (public/privé, fret/voyageurs). Ces règles reposeront sur un décret-socle dont la première mouture ne satisfait aucun syndicat. Tous réclament des règles de «haut niveau social», «a minima au niveau du RH077» (la règlementation interne en vigueur à la SNCF), demande Christophe Fargallo, de Sud-rail.
Il s’agit du volet socialement le plus délicat de la réforme ferroviaire votée en 2014. Car bouger les règles d’organisation (durées de travail, coupures, astreintes, repos…) et les contreparties à la flexibilité exigée des salariés pour assurer un service 7 jours sur 7 en toute sécurité, a des conséquences directes sur la productivité des entreprises ferroviaires et la vie quotidienne des cheminots. Le secrétariat d’Etat aux Transports s’est donné jusqu’au 15 mars pour amender son projet.
Parallèlement, les négociations au niveau de la branche pour ajouter d’ici à juillet une convention collective commune n’avancent guère. Les syndicats accusent l’UTP (qui regroupe la SNCF et ses concurrents privés) de jouer «l’immobilisme». La SNCF, qui vise des gains de coûts, doit rallier ses concurrents à une convention économiquement acceptable, qui lui permettrait de réduire son retard de compétitivité. A défaut, le risque pour la SNCF est de tout voir renvoyé dans l’accord d’entreprise à négocier également d’ici l’été. Les discussions doivent prochainement démarrer. Elles pourraient notamment porter sur une réduction du nombre de RTT.
Dans ce contexte, la grève de mercredi est un triple «coup de semonce» envoyé «au gouvernement, à l’UTP et à la SNCF», explique Didier Aubert, le patron de la CFDT-Cheminots. «C’est une étape, la SNCF et le gouvernement doivent nous entendre. Sinon les cheminots réagiront de nouveau», prévient M. Nier (CGT). A la RATP, CGT et Sud (première et troisième organisations) appellent à débrayer essentiellement pour peser sur les négociations salariales annuelles. Celles-ci devaient à l’origine démarrer mercredi mais ont été repoussées de deux jours «de peur de voir une convergence de luttes avec les agents SNCF» et une «levée de boucliers» contre la réforme du travail, selon la CGT, qui appelle les agents à manifester à 10h00 devant le siège de la régie.
Le Quotidien/AFP