André Greipel, le coureur allemand de l’équipe Lotto-Soudal et porteur du maillot vert a remporté, mercredi, son deuxième succès d’étape.
Malgré un temps épouvantable, sept chutes qui ont morcelé le peloton, un pacte de non-agression a semblé conduire le peloton maillot jaune à la prudence. Une sorte de trêve. Le maillot jaune Tony Martin, lui, a tenté d’emmener Mark Cavendish au sprint. Mais le Britannique n’était pas le plus rapide…
Non, ce n’était pas vraiment une étape de transition qui se solde par un bon vieux sprint massif classique. Mais bon, c’est quand même un sprinteur et pas n’importe lequel, puisque André Greipel est le porteur du maillot vert, qui s’est imposé dans les règles de l’art.
Pas un maillot vert pâle, non. Jamais d’ailleurs, on ne l’avait vu si fringant. Si affûté. Si précis. Et pressé d’en finir. Le «Gorille de Rostock» est un roc. On le savait déjà. Sûr de son fait sur le Tour, c’est un peu nouveau. Surtout, il est en pleine possession de ses moyens. Assurément, il était, hier, le meilleur sprinteur du lot. Plus fort qu’Arnaud Démare, qui s’est certes chargé de lancer les hostilités mais fut bien vite débordé.
Plus fort que Mark Cavendish, en retrait et trop court. Plus fort que John Degenkolb à qui il manque un petit quelque chose. Plus fort enfin qu’Alexander Kristoff, le Norvégien avait hier toutes les cartes en main, mais voilà tout, à un moment, il plafonnait. Tout simplement, André Greipel est le plus fort du lot en ce début de Tour de France et il n’y a franchement pas grand-chose à redire si ce n’est qu’on n’avait pas vu revenir en trombe un Peter Sagan, qui, s’il s’y était pris de la bonne manière, aurait été le seul à pouvoir l’éclipser de la scène. Pour le Slovaque, il manquait vingt mètres…
Mais il était présent dans cet emballage final auquel le Lorrain Nacer Bouhanni aurait bien aimé participer. Mais après dix kilomètres à peine, il avait été le premier à goûter le bitume dans la première des sept chutes qui marquèrent la journée. Par ici la sortie…
Cortège de gueules cassées
Déjà amoindri par une cabriole spectaculaire sur les derniers championnats de France, le coureur de Cofidis, qui ne souffre d’aucune fracture, jeta l’éponge.
Ce Tour de France, désormais placé sous la domination des coureurs allemands, offre un spectacle singulier. Avec chaque jour, ou presque, son cortège de gueules cassées, comme si un sortilège s’était abattu sur la Grande Boucle. Rien de bien nouveau en définitive, tout ceci était bien prévisible avec un parcours spécialement conçu pour que tout soit plus nerveux, tendu. Il est vrai qu’hier, la météo, pourrie, apporta sa touche finale.
Mais par un bien curieux retournement de situation, alors qu’on s’attendait à une nouvelle bagarre des cadors, il sembla qu’un cap était passé. Le peloton, dont les coureurs rejetés à l’arrière comme des malpropres sous l’impulsion des BMC, Sky, Tinkoff, Cannondale mais pas des Astana, ne reviendrait certes plus. Mais devant, une sorte de paix des braves fut tacitement signée.
Trop de casse, trop de pluie, trop de vent. Surtout trop de stress. Et trop c’est trop. Le peloton adopta une allure raisonnable sans plus, même si on sentait bien qu’il était prêt, à tout moment, à remettre les gants.
C’était sans doute mieux pour tout le monde. Pour les sprinteurs, l’occasion était belle, enfin, d’avoir une franche explication. André Greipel ne s’en plaint pas. Quant à Tony Martin, on pourra admirer le coup de main donné à Mark Cavendish. Mais la bonne volonté ne suffit pas toujours…
De notre envoyé spécial à Amiens, Denis Bastien