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Grande-Bretagne : les banques capables de faire face à un Brexit « désordonné »


La BoE a dévoilé mardi les résultats de ses tests de résistance annuels. (photo: AFP)

La Banque d’Angleterre (BoE) estime que les banques britanniques auront les reins assez solides pour soutenir l’économie en cas de chocs violents dont celui d’un Brexit « désordonné ».

La BoE a dévoilé mardi les résultats de ses tests de résistance annuels consistant à évaluer la capacité du secteur bancaire à faire face à des conditions économiques brutalement défavorables.

Le sept banques principales du pays, à savoir Barclays, HSBC, RBS, Lloyds Banking Group, Nationwide, Santander UK et Standard Chartered, ont été passées en revue et pour la première fois depuis les premiers tests de 2014 toutes les banques ont passé avec succès l’examen.

Les conditions théoriques comprenaient une chute du PIB britannique de 4,7%, un bond des taux d’intérêt de la BoE à 4%, un effondrement de 33% des prix de l’immobilier ou encore une dégringolade de 27% de la livre.

La BoE, dans son rapport de stabilité financière publié également mardi, estime en particulier que les banques seraient en mesure de continuer à soutenir l’économie « réelle » en cas de Brexit « désordonné », qui ne nécessiterait donc pas de renflouement des pouvoirs publics ou une baisse des prêts.

Par Brexit « désordonné », la BoE entend une sortie du Royaume-Uni de l’UE, prévue en mars 2019, sans accord, avec des conséquences importantes sur les échanges commerciaux ou les marchés financiers.

Cette possibilité n’est pas le scénario privilégié par la BoE. « C’est ce que nous cherchons à éviter puisqu’il y aurait des coûts économiques assez importants, même si le système financier continue de fonctionner », a expliqué Mark Carney, gouverneur de l’institution, lors d’une conférence de presse.

La BoE a toutefois prévenu qu’un Brexit « désordonné » combiné à une sévère récession mondiale et à des coûts élevés liés à des litiges pourraient entraîner des conditions plus dures que celles prises en compte dans les tests. Dans ce cas, les banques devraient probablement réduire leurs prêts à l’économie.

RBS et Barclays de justesse

La Banque a rappelé en outre avoir demandé aux banques britanniques de mobiliser 11,4 milliards de livres de capital supplémentaire d’ici fin 2018 afin de faire face aux risques liés au Brexit et à celui du crédit à la consommation, en plein essor au Royaume-Uni.

Les tests de résistance « montrent que le système bancaire britannique est résilient à de fortes récessions simultanées au Royaume-Uni et dans le monde, à une chute des prix des actifs et aux coûts des mauvaises conduites », écrit la BoE.

Selon ses conclusions, les banques britanniques sont trois fois plus solides qu’il y a dix ans. La crise financière de 2008 a eu de lourdes conséquences sur nombre d’établissements qui ont dû pour certains être sauvés de la faillite par les pouvoirs publics.

Elles ont depuis renforcé considérablement leur bilan, au prix souvent de cessions d’activités et de suppression d’emplois.

L’institution estime que les banques testées disposent désormais de suffisamment de capitaux pour résister à des chocs violents qui causerait des pertes d’environ 50 milliards de livres sur deux ans.

La situation de deux banques, Barclays et RBS, était toutefois jugée quelque peu délicate à fin 2016 mais la BoE a tenu compte des rentrées d’argent frais enregistrées cette année ce qui permet à ces deux établissements de réussir les tests.

RBS avait été la seule à échouer lors des tests conduits l’an dernier. La banque, dont l’État a indiqué son souhait de vendre dans les prochaines années la majorité de sa participation de 71% au capital, reste sous la menace d’une énorme amende aux États-Unis pour une affaire remontant à la crise des « subprime ».

« Tant que nous n’avons pas résolu nos problèmes liées aux litiges (…), les résultats des tests de résistance resteront plus faibles que nos objectifs de long terme », a réagi dans un communiqué le directeur financier de RBS Ewen Stevenson.

Le Quotidien/ AFP