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[Gastronomie] Fanny Rey, de « Top Chef » au firmament


Fanny Rey est cheffe de "L'Auberge Saint-Rémy", en Provence. (photo AFP)

Sept ans après un passage remarqué dans l’émission de M6 Top Chef, Fanny Rey est devenue en 2017 la seule femme à décrocher une première étoile Michelin.

« Tout petite, je traînais mes mains et mes yeux dans les épices », se souvient la cheffe qui, à 15  ans, décide de faire de sa passion son métier.

Elle quitte sa Bourgogne natale pour passer un CAP dans une école hôtelière du Jura. À la sortie, « j’ai fait de belles rencontres au bon moment », se rappelle la jeune femme, qui débute dans de prestigieux établissements, comme Les Fermes de Marie , à Megève, et La Bastide de Marie , à Ménerbes (Vaucluse). Mais Fanny Rey, qui reconnaît prôner « la rigueur et la discipline », change ensuite totalement d’orientation et… fait ses classes dans la marine nationale, à Brest.

Mais assez vite, la cuisine lui manque  : « C’est dans mon ADN… J’ai pris mon baluchon », direction Paris un retour aux fourneaux, au Ritz, avant de repartir vers le sud, à l’Oustau de Baumanière, le 3 étoiles des Baux-de-Provence où son mari Jonathan, qui travaille aujourd’hui à ses côtés, est chef pâtissier.

En 2011, elle accède à une certaine notoriété en participant à la 2 e  saison de l’émission Top Chef , sur M6, dont elle termine finaliste malheureuse. « Ce n’était pas une victoire, mais ce n’est pas un échec, j’y ai rencontré des grands chefs », relativise-t-elle aujourd’hui.

L’année suivante, elle s’installe à son compte, dans un ancien relais de poste de Saint-Rémy-de-Provence, L’Auberge de la reine Jeanne , rebaptisée L’Auberge Saint-Rémy, où elle sert, avec son mari 35 couverts, aidée par cinq personnes, passées à sept depuis l’obtention de cette première étoile Michelin.

«Une femme a sa place en cuisine»

C’est «une récompense» qu’elle a savourée avec son équipe car « cette étoile, on la tient tous ensemble »  : « Quand on m’a appelée, j’ai mis le haut-parleur, j’ai pleuré, c’est beaucoup d’émotion, un moment inoubliable d’euphorie et de partage », se souvient-elle. Au jour le jour, l’émotion laisse plus souvent la place à des ordres brefs et précis lancés à sa brigade –  ses «petits lapins»  : « Quatre couverts, quatre cartons directs, une Saint-Jacques, une dorade, une volaille et un bœuf ». « Oui chef! »

« On veut travailler avec tous les petits trésors que l’on a autour de nous », au gré des saisons, résume Fanny Rey. Pour la carte de printemps, en avril, « c’est l’asperge qui va décider ». À l’arrivée, « une savoureuse cuisine du marché, mettant superbement en valeur les produits des Alpilles », salue l’inspecteur du Guide Michelin . « Des chefs intelligents m’ont toujours confortée et encouragée », se félicite Fanny Rey, qui assure n’avoir jamais souffert du machisme  : « Une femme chef a sa place en cuisine », mais « il faut avoir de la combativité », assure-t-elle. Côté dessert, Jonathan, ex-champion de France pâtissier, a un faible pour le millefeuille. Il savoure lui aussi la première étoile de son épouse  : « C’est une suite logique de son travail, c’est bien qu’on mette les femmes en avant », car « il y a une sensibilité féminine dans ses assiettes. C’est très délicat, très parfumé, on est sur des goûts très subtils. » Pour ce couple passionné de gastronomie, cette récompense « doit être un exemple encourageant pour les autres femmes » qui sont à peine 15 sur les 616  chefs ayant décroché en 2017 une ou plusieurs étoiles en France. C’est aussi une première étape dans leur parcours. « Il faut consolider, penser à la deuxième », insiste Fanny Rey.