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Frontaliers : le président du Grand Est met la pression sur la SNCF


Jean-Luc Bohl et Jean Rottner, 1er vice-président et président de la Région, entourent Stéphanie Dommange, directrice régionale TER Grand Est pour la SNCF. Les deux instances ont besoin de s’améliorer pour sortir la desserte transfrontalière vers le Luxembourg de la voie de garage. (photo RL/Gilles Wirtz)

Pas de chance pour la Région Grand Est et la SNCF. Alors que tous deux visitaient mardi leur futur centre de maintenance à Montigny-lès-Metz, symbole de la volonté de la Région d’améliorer la desserte Nancy-Metz-Luxembourg, les usagers lorrains des TER vivaient une (nouvelle) matinée de galère. Demandant aux frontaliers de la patience, Jean Rottner, président de la Région Grand Est, a mis un sacré coup de pression à la SNCF.

C’était un mardi qui devait être marqué d’une pierre blanche pour la Région et la SNCF. Celui de la première visite du site du futur atelier de maintenance des TER de l’axe Épinal-Nancy-Metz-Luxembourg, à Montigny-lès-Metz. Un investissement à 90 millions d’euros, symbole de la montée en puissance des TER sur cet axe lorrain ultra-fréquenté. Patatras. Ce 27 août a viré dans le même temps au mardi noir pour les usagers, montrant plus que jamais le besoin d’amélioration du service sur cette ligne.

Quand la date a été calée, difficile d’imaginer qu’une panne de nacelle sur la voie entre Thionville et Luxembourg allait occasionner l’annulation de neuf trains en heure de pointe (6h-8h). Ni que, dans le même temps, un accident de personne allait interrompre les liaisons de Nancy vers les Vosges. Ni que la veille au soir, un problème d’aiguillage à Uckange allait paralyser le trafic frontalier. Sauf qu’il y a malheureusement toujours une bonne raison sur ce même réseau pour transformer en enfer le quotidien des plus de 12 000 abonnés qui le fréquentent! Rendant l’atmosphère des rames de plus en plus irrespirable.

«Une situation insupportable»

Régulièrement interpellé sur les réseaux sociaux, Jean Rottner, président de la Région, a eu devant la SNCF des mots très durs, qualifiant cette situation «d’insupportable». «En tant qu’organisateur des transports, la Région apporte la stratégie et la dynamique. Le reste relève de la responsabilité de l’opérateur. C’est à lui de résoudre ce quotidien insupportable. Il doit trouver rapidement le chat noir qui sévit sur cette ligne», a-t-il insisté, en ne lâchant pas du regard Stéphanie Dommange, directrice régionale TER Grand Est pour la SNCF.

L’élu a rappelé les efforts de la Région : «Nous mettons des moyens considérables pour bâtir une politique cohérente. Sur la liaison vers le Luxembourg, en croissance de 9% par an, il y avait un train toutes les 30 minutes au début de mon mandat. Aujourd’hui, c’est un toutes les 10 minutes. Cet été, j’ai signé avec la Normandie un protocole à 100 millions d’euros pour organiser, entre 2021 et 2025, le transfert de 16 rames à deux niveaux nouvelle génération, de mille places assises, toutes destinées à cet axe Épinal-Luxembourg. Et nous investissons 90 millions d’euros dans ce nouvel atelier de maintenance.»

De 8 000 à 23 000 passagers/heure

L’élu réclame de la patience à des usagers malheureusement déjà à bout : « On met les bouchées doubles mais je me dois aussi de tenir un discours de vérité. Cette montée en puissance ne se fera pas du jour au lendemain. On va passer de 8 000 à 23 000 passagers par heure à l’horizon 2028. Mais cela prend du temps. Il va nous falloir rallonger tous les quais.»

Dans ses petits souliers, Stéphanie Dommange répond elle aussi de manière très politique : «Je comprends cette exigence de qualité de service. Elle doit être de très haut niveau. Nous travaillons à améliorer la coopération avec le Luxembourg, la Région, ainsi que la relation clients. Il n’y a malheureusement pas une seule cause. Nous sommes confrontés à une succession de problèmes d’accidents de personnes, de postes d’aiguillages, de matériel, de voies ou de signalisation. Sur un axe de transit de masse comme celui-là, cela ne pardonne pas. Mais le Luxembourg investit aussi de son côté des milliards pour doubler les infrastructures, ce qui devrait limiter la ‘sursollicitation’.» Les usagers devront encore prendre leur mal en patience pour en percevoir les bienfaits.

Philippe Marque (Le Républicain lorrain)