Le recrutement du FC Metz porte son empreinte. Arrivé en mai 2016, Frédéric Arpinon est l’homme qui écume les terrains toute l’année pour dénicher les Grenats de demain. En toute discrétion.
Ce métier de l’ombre était taillé pour lui. Frédéric Arpinon n’est pas homme à se mettre en avant et son rôle de recruteur à Metz lui permet de vivre de sa passion du foot sans renier sa nature discrète. Au contraire, cet œil anonyme cultive l’effacement jusqu’en tribune. « J’aime bien être seul pour voir un match , explique-t-il. Je me mets à l’écart des scouts qui sont souvent parqués ensemble. J’essaie de travailler incognito. »
Dans l’imaginaire collectif, son métier se résume à cette formule simpliste que connaissent par cœur les journalistes sportifs : il est « payé pour voir des matches ». C’est vrai mais terriblement réducteur. L’étiquette ne dit pas la conception des rapports détaillés, le maillage de son réseau, l’immense travail abattu par téléphone, sur vidéo et sur les plateformes de scouting. « J’interviens aussi sur les joueurs à faire partir, complète l’intéressé. A ujourd’hui, on s’aperçoit qu’on fait l’essentiel du travail au niveau du club pour placer des joueurs. »
L’ancien milieu de terrain de Nîmes, Metz et Troyes voit « environ trois ou quatre matches par semaine. Souvent en National et en L2, mais aussi dans les pays limitrophes, Belgique, Suisse et Allemagne. J’essaie de cibler les joueurs les plus intéressants par rapport à leur mentalité et leur potentiel de développement, puis je dégrossis et dresse une liste. J’ai aussi des personnes de confiance qui vont me signaler des joueurs. Je sais que j’aurais des renseignements fiables un peu partout dans le monde. »
« Il sent les choses »
« C’était indispensable d’avoir quelqu’un sur le terrain , éclaire Philippe Gaillot . Il voit les matches, reste au contact des clubs et peut compter sur un gros réseau de correspondants pour faire remonter des infos de qualité. Pour Diabaté par exemple, c’est lui qui avait trouvé l’ouverture. »
Le directeur général adjoint du FC Metz occupe le bureau voisin à Saint-Symphorien. Et apprécie la qualité du dialogue avec le recruteur. « On a joué ensemble, on avait déjà les mêmes sensations , dit Gaillot. Il faut voir aussi qui il avait fait venir à Istres, Olivier Giroud, Nicolas De Préville, Walid Mesloub, Florian Lejeune, Naby Keita… Frédéric a eu du nez là-bas. Il sent les choses. Et c’est appréciable de voir qu’on est sur la même longueur d’ondes avec lui, le président et l’entraîneur. » « La décision est toujours collégiale à l’arrivée » , insiste Arpinon.
Naturellement, cette période densifie le travail du natif de Nîmes (47 ans), mais il n’a pas attendu l’ouverture du marché pour s’activer. « On parle depuis au moins six mois des joueurs qui sont ciblés aujourd’hui. On les connaît par cœur. Et si jamais on ne garde pas Diabaté, j’ai déjà vu trois ou quatre joueurs susceptibles de venir à sa place… »
Arpinon espère que le FC Metz « fera mieux que la saison dernière. » Il s’active donc en ce sens et n’est pas économe de ses efforts. Parce qu’il « aime ça », mais pas seulement. « Ma famille est restée dans le sud, je suis seul ici , conclut-il. Alors plus je travaille, plus le temps passe vite. »