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Frapper l’EI en Syrie : un tournant logique mais risqué


Le président François Hollande le 3 septembre 2015 à l'Elysée à Paris (Photo AFP)

L’annonce attendue par François Hollande de frappes aériennes françaises en Syrie contre l’organisation Etat islamique (EI) est un tournant stratégique dont la presse souligne lundi la cohérence mais aussi l’issue incertaine.

L’initiative, qui devrait être officialisée lors de la conférence semestrielle du chef de l’Etat lundi matin, est plutôt bien accueillie par les éditorialistes.

Seul le quotidien communiste L’Humanité est franchement contre. Jean-Emmanuel Ducoin dénonce «les dirigeants français, qui n’ont cessé d’alimenter les logiques guerrières et s’apprêtent, dit-on, à engager une nouvelle escalade sans mandat de l’ONU».

«Il était temps», juge au contraire Philippe Gélie dans Le Figaro. Avant de tempérer le soutien du quotidien conservateur : «le nouvel engagement français ne va pas à lui seul modifier la donne. Une révision stratégique plus vaste s’impose à la coalition arabo-occidentale, qui doit mettre sur pied une véritable armée régionale pour reconquérir les territoires occupés par les djihadistes».

Car la presse souligne l’extrême difficulté de l’entreprise. «Imaginer que cet engagement annonce la déroute de Daech, que ses effets se feront rapidement sentir, relève de l’illusion» pour François Ernenwein dans La Croix. Pour le journal catholique, «les seules solutions au drame syrien et à la fuite des réfugiés passent par la diplomatie».

« Assad peut jubiler »

Il n’en reste pas moins qu’étendre les frappes à la Syrie est justifié pour Christophe Lucet, du journal Sud-Ouest: «les auteurs et commanditaires des attentats aveugles commis dans l’Hexagone ont pour point commun d’avoir pour base arrière la Syrie : il serait d’autant plus cohérent d’y frapper que le califat autoproclamé ignore superbement les frontières classiques». Mais «que Paris adapte sa stratégie est une chose. Son éventuelle efficacité en est une autre», ajoute l’éditorialiste du quotidien bordelais.

D’autant qu’un engagement de troupes au sol est à ce jour exclu par Paris. Or, «faute d’intervention au sol le sinistre Etat islamique a de beaux jours devant lui», explique Patrice Chabanet dans Le Journal de la Haute-Marne.

Dans Le Midi libre, Jean-Michel Servant insiste de son côté sur «la difficulté pour le chef de l’Etat (…) de ne pas se tromper dans les objectifs : détruire les forces de l’EI sans faire plonger dans le chaos le régime de Bachar al-Assad».

Pour Pascal Coquis des Dernières Nouvelles d’Alsace, «la France qui voulait faire tomber le régime syrien va désormais se retrouver en position d’allié objectif de celui-ci, avec pour partenaires l’Iran et la Russie. C’est Bachar al-Assad qui peut jubiler».

Ramenant le débat à des considérations plus hexagonales, Pierre Fréhel du Républicain lorrain, s’interroge sur les arrières-pensées de François Hollande: «croit-il pouvoir empocher les dividendes d’une participation à une opération militaire d’envergure ? Rien ne dit qu’il sera plus aisé d’écraser Daech que de faire baisser le chômage».

AFP/M.R.

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