Un casse à la voiture-bélier et une partie du trésor volatilisé : la cathédrale d’Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques), a été la cible dans la nuit de dimanche à lundi d’un commando de malfaiteurs qui étaient toujours recherchés après le vol de plusieurs pièces d’orfèvrerie et d’une cape, rarissime.
Les malfaiteurs ont enfoncé une porte secondaire de cette cathédrale en projetant un véhicule sur lequel ils avaient installé un tronc d’arbre – une souche -, à l’avant du capot, a décrit le directeur général des services de la municipalité, Laurent Paris. A l’intérieur, les cambrioleurs ont ensuite fait main basse sur une partie du trésor de la cathédrale composé de nombre d’objets liturgiques. Selon la mairie qui a procédé à un inventaire, de l’orfèvrerie (calices, croix, ostensoirs), qui se trouvaient en vitrine et une « pièce maîtresse de la collection de vêtements », une cape donnée par François-1er (1494-1547) manquent désormais à l’appel. Les pièces étaient entreposées dans une chapelle, fermée par des grilles mais « des barreaux ont été sciés », a ajouté le directeur général des services.
Les auteurs ont pris la fuite en abandonnant leur véhicule, retrouvé par les gendarmes à proximité, le tronc d’arbre à l’intérieur, selon une source proche du dossier. « Les éléments portés à ma connaissance font référence à trois individus encagoulés », a indiqué Laurent Paris. « Les auteurs seront retrouvés et punis », a réagi sur Twitter le ministre de la Culture Franck Riester, en condamnant « avec la plus grande fermeté » cette attaque. « Je partage l’émotion des catholiques de France légitimement choqués par ce vol et ces dégradations », a-t-il ajouté.
La cathédrale, un haut lieu touristique du Béarn à quelque 50 km de la frontière espagnole, est inscrite par l’Unesco depuis 1998 sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité au titre de sa localisation, une étape sur un des chemins de Saint-Jacques de Compostelle.
Préjudice historique et moral
Les riverains ont été réveillés vers 2-3h par le bruit et la sirène de l’alarme de la cathédrale. Le site est placé de l’extérieur sous vidéosurveillance, un élément qui devra être exploité par les enquêteurs. Des techniciens en investigations se sont rendus sur les lieux dans la matinée pour relever d’éventuelles traces. Pour l’instant, « il est encore trop tôt pour réaliser une estimation financière précise des pertes », a expliqué Laurent Paris, tout en déplorant un préjudice historique et moral « considérable » : « au-delà de la valeur marchande, les habitants se retrouvent amputés d’une partie de leur histoire et de leur patrimoine ».
L’évaluation du butin constituera une étape complexe et « un peu longue ». « La valeur historique de certains objets est compliqué à estimer, il y a des objets inestimables qui n’ont pas de valeur financière sur le papier et qui doivent faire l’objet d’expertises complémentaires », a expliqué Laurent Paris, en citant le cas de la cape.
Témoignage de l’important passé épiscopal de la ville, l’énorme édifice est surtout connu pour une de ses parties les plus anciennes, un portail roman sculpté du XIIe siècle. Victime de deux incendies au XIIIe puis au début du XIVe siècle, pillée et ravagée à la fin du XVIe pendant les Guerres de religions, la cathédrale a été remodelée au fil des siècles jusqu’au milieu du XVIIIe. Avant d’être restaurée le siècle suivant. La cathédrale a cessé d’héberger un évêque au début du XIXe et relève aujourd’hui du diocèse de Bayonne.
LQ/AFP