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France : une Assemblée nationale rajeunie et féminisée


Aurore Bergé (LREM), 31 ans, élue dans la 2e circonscription des Yvelines, à son arrivée lundi à l'Assemblée nationale. (photo AFP)

Un bloc centriste imposant après des décennies de bipartisme, une vague de nouveaux députés souvent novices en politique, un nombre record de femmes et des élus plus jeunes… L’Assemblée nationale française a changé de visage sous l’impulsion du nouveau président Emmanuel Macron.

Le clivage gauche/droite remisé. Devenu en mai le plus jeune président de l’histoire de France à 39 ans, Emmanuel Macron a parachevé dimanche sa prise de pouvoir éclair en remportant une majorité confortable à l’Assemblée nationale, un an seulement après la création de son mouvement politique centriste et pro-européen. Le parti présidentiel la République en marche (REM) et sa formation alliée du MoDem ont obtenu 350 des 577 sièges.

A l’inverse, les partis traditionnels de gauche et de droite qui alternaient au pouvoir en France depuis des décennies ont subi un camouflet: le parti socialiste, laminé, n’obtient que 30 élus contre 284 dans l’Assemblée sortante. A droite, Les Républicains obtiennent 112 sièges, loin cependant de leur ambition initiale d’imposer une cohabitation à Emmanuel Macron.

Plus jeune. L’Assemblée perd plus de cinq ans de moyenne d’âge en passant de 54 ans en 2012 à 48 ans et huit mois en 2017. Le nombre de retraités a fondu de plus de moitié, de 106 à 41 élus. Vainqueur dans le nord de la France d’un duel contre une candidate pro-Macron, l’élu d’extrême droite Ludovic Pajot, 23 ans, sera le benjamin de l’Assemblée. Le nouveau député de cette circonscription ancrée dans l’ex-bassin minier, qui a fait des études de droit, s’est principalement fait connaître pour ses positions anti-migrants.

Plus féminine. Le record du nombre de femmes à l’Assemblée – 155 en 2012 – est battu avec 224 élues, soit près de 40% des députés de la nouvelle législature. Créé il y a seulement un an, le parti présidentiel REM compte la part la plus importante de femmes dans ses rangs avec 47% d’élues, devant le parti de gauche radicale La France Insoumise (LFI – 41%). Parmi ces élues pro-Macron, l’avocate Laetitia Avia, 31 ans, est devenue dimanche l’une des toutes premières femmes d’origine africaine élues à l’Assemblée. Cette féminisation va nettement améliorer le classement de la France, jusqu’ici au 64e rang mondial en terme de parité parlementaire, loin derrière la Belgique (19e), l’Allemagne (22e) ou la Suisse (36e), d’après le classement dressé par l’Inter-Parliamentary Union.

Plus novice. Ces élections entérinent un renouvellement historique du personnel parlementaire: au total, 425 élus sur 577 n’ont jamais été députés. Sur les 345 députés candidats à leur réélection, seuls 140 ont passé la rampe. Au final, environ 75% des sièges vont changer d’occupant. Tous les députés de gauche radicale LFI et de 91% des députés LREM sont nouveaux venus, contre 40% des députés du parti de droite Les Républicains et 6% des députés socialistes.

Pour nombre d’observateurs, cette déferlante de novices en politique à l’Assemblée sous les couleurs du parti pro-Macron promet une majorité docile au président français, à qui ils devront leur existence politique. « Vous imaginez ces nouveaux visages arriver et qu’on leur dise : tu t’assois là, tu votes l’amendement et tu obéis ? Pas du tout », a assuré lundi Jean-Paul Delevoye, président de la Commission d’investiture de La République en Marche. « Nous ne sommes plus dans une société d’obéissance (…) Nous sommes dans une société d’adhésion », s’est-il défendu.

Le Quotidien/AFP