Des apiculteurs français ont entamé lundi un « convoi mortuaire » de ruches mortes dans l’ouest de la France pour dénoncer « l’utilisation de pesticides nocifs aux abeilles en agriculture ».
« Cet hiver, au moins 20 000 colonies sont mortes en Bretagne. Une véritable hécatombe comme on n’en a jamais connu », selon un communiqué du syndicat des apiculteurs professionnels de Bretagne, région française où ce « convoi mortuaire » est organisé.
Partis du Faouët lundi, les apiculteurs feront étape les jours suivants dans plusieurs communes jusqu’à leur arrivée dans la ville de Rennes, vendredi.
« Des ruchers entiers, très beaux à l’automne, sont aujourd’hui particulièrement décimés. Les pertes sont particulièrement élevées dans le centre-Bretagne », constate Joël Nadan, du syndicat des apiculteurs de Bretagne. « Personnellement, quand je cumule les ruches dépeuplées, les orphelines, les bourdonneuses et autres non viables, j’approche les 50% de perte. C’est du jamais vu depuis le début de ma carrière en 1984 », explique l’apiculteur. « Des collègues plus jeunes (…) ont perdu jusqu’à plus de 80% de leur cheptel. Leur situation financière est dramatique : quasiment pas de récolte possible cette année et une reconstitution de leur cheptel plus qu’hypothétique », dénonce Joël Nadan.
Interdiction des néonicotinoïdes : bien mais pas suffisant
L’Observatoire des mortalités, mis en place cette année par l’État, mène « des analyses en cas de suspicion de maladie ou parasite, mais aucune recherche, aucune analyse, aucun financement n’est prévu pour orienter vers une intoxication chimique, même dans les cas extrêmes », a-t-il déploré.
« Nos ministres sont-ils aveugles, et sourds ? ou simplement des marionnettes aux mains des firmes chimiques et de la FNSEA, syndicat qui défend la santé des firmes avant celles des agriculteurs », s’insurge le syndicat des apiculteurs de Bretagne, en référence à la puissante Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles.
Selon le syndicat, l’interdiction prochaine, décidée la semaine dernière par la Commission européenne, de trois néonicotinoïdes « est une bonne nouvelle » mais reste « très insuffisant ». « Ces trois produits étaient déjà soumis à un moratoire en France sur certaines cultures et certains agriculteurs les avaient déjà remplacés par un autre néonicotinoïde qui reste autorisé par l’Europe ».
Le Quotidien/AFP