Pour la première fois dans le procès de l’affaire du proxénétisme dite du Carlton, l’une des anciennes prostituées est venue témoigner à la barre, confrontée aux trois « hôteliers » du dossier.
À la barre, Jade a raconté en détail les rendez-vous qui se déroulaient dans un appartement attenant à l’hôtel Carlton. (Photos : AFP)
Jade travaillait dans un établissement de Dodo la Saumure en Belgique d’où elle est originaire. Sa voix se brise quand elle évoque les raisons qui l’ont poussée à la prostitution : devant son réfrigérateur vide, désespérée de ne pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, elle répond à une petite annonce.
La parole en revanche est assurée quand elle raconte les rendez-vous avec René Kojfer, Francis Henrion et Hervé Franchois dans un appartement attenant à l’hôtel Carlton. Qui étaient les donneurs d’ordre ?, interroge le procureur. « Parfois la gérante du bar, parfois c’était Dodo, une fois c’était René », explique-t-elle.
Elle conduisait depuis la Belgique emmenant dans sa voiture d’autres filles. À une reprise, René Kojfer l’a payée directement après une rencontre à Lille, en-dessous du tarif habituel. « Il a dit : les temps sont durs… Mais on a reçu un peignoir », rapporte-t-elle.
Elle voyait « René » régulièrement. « On était les gais-lurons de la bande », rapporte-t-elle. L’ancienne prostituée, qui s’est portée partie civile, manie habilement l’ironie et les répliques claquent. « Quand il vous paie, c’est en qualité de prostituée ? », insiste le procureur. « J’ai pas fait le ménage », lance-t-elle.
Pourtant, elle ne présente pas d’animosité à l’égard des trois « hôteliers ». « Ces gens étaient courtois », dit-elle. « Pour les autres, je leur en veux précisément parce qu’ils m’ont présenté une personne publique », ajoute-t-elle avant d’être coupé par le président. « Les autres », ce sont Fabrice Paszkowski et David Roquet.
« La personne publique », devine-t-on, est celui dont on évite de prononcer le nom jusqu’à son apparition à la barre la semaine prochaine, Dominique Strauss-Kahn.
AFP