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France : Nicolas Sarkozy jugé pour corruption en octobre


Un second procès, dans l'affaire Bygmalion, attend en outre l'ancien président français. (archives AFP)

Pour la première fois sous la Ve république, un ancien président de la République sera jugé pour corruption : le procès de Nicolas Sarkozy dans l’affaire dite des « écoutes » se tiendra en octobre, a décidé mercredi le tribunal correctionnel de Paris.

Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir tenté d’obtenir début 2014, par l’entremise de son avocat Thierry Herzog, des informations secrètes auprès de l’ex-haut magistrat Gilbert Azibert dans une procédure concernant la saisie de ses agendas en marge de l’affaire Bettencourt (soldée pour lui par un non-lieu en 2013) et ce, en échange d’un coup de pouce pour un poste à Monaco.

Le procès se tiendra quatre après-midi par semaine du 5 au 22 octobre devant la 32ème chambre correctionnelle, après une audience intermédiaire fixée au 17 juin prochain. La Cour de cassation avait rejeté en juin les derniers recours formés par l’ancien chef de l’État, son avocat et ami Thierry Herzog et l’ex-haut magistrat de la Cour de cassation Gilbert Azibert, qui tentaient d’éviter un procès. Leurs avocats n’ont pas souhaité faire de commentaires mercredi.

Nicolas Sarkozy, retiré de la vie politique depuis sa défaite à la primaire de la droite fin 2016, doit également être jugé dans les prochains mois pour « financement illégal » de sa campagne de 2012 dans l’affaire Bygmalion. Les dates de ce second procès ne sont pas encore connues.

Méthodes d’un « délinquant chevronné »

Au terme de leur instruction, les juges avaient ordonné le 26 mars 2018 un procès pour « corruption » et « trafic d’influence » contre les trois hommes, conformément aux réquisitions du Parquet national financier (PNF). Herzog et Azibert seront aussi jugés pour « violation du secret professionnel ».

Dans un réquisitoire sévère en octobre 2017, le PNF avait comparé les méthodes de Nicolas Sarkozy à celles d’un « délinquant chevronné » et stigmatisé les nombreux recours intentés par ses avocats qui avaient « paralysé » l’instruction. L’affaire trouvait son origine dans les interceptions de conversations téléphoniques de l’ex-chef de l’État avec son avocat, diligentées dans le cadre de l’enquête sur les accusations de financement libyen de sa campagne de 2007.

Les policiers avaient découvert que Nicolas Sarkozy utilisait un portable secret ouvert au moyen d’une carte pré-payée sous l’alias de « Paul Bismuth » pour communiquer avec un unique interlocuteur: son avocat. Les écoutes policières, socle de l’accusation, avaient été validées par la Cour de cassation en mars 2016. Mais elles devraient encore alimenter une âpre bataille à l’ouverture du procès.

LQ/AFP