Patrick Henry, détenu pendant 40 ans pour le meurtre d’un enfant et qui avait obtenu en septembre une suspension de peine pour motif médical, est mort dimanche à 64 ans d’un cancer.
« Il est mort dimanche à 10h30 au CHU de Lille d’un cancer du poumon », a déclaré Martine Veys, une amie qui lui avait trouvé un logement à sa sortie de prison.
Condamné en 1977 à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre du petit Philippe Bertrand, 7 ans, Patrick Henry avait obtenu le 15 septembre une suspension de peine et avait été libéré.
Ses proches « s’étaient réjouis de cette ‘dernière victoire sur les murs’ et conjuraient avec lui sa brièveté », a dit son avocat Me Hugo Lévy.
Libéré en mai 2001, après 25 ans de détention, le détenu devenu informaticien était retourné en prison après son interpellation en Espagne en 2002 avec 10kg de cannabis. En mars 2016, il avait déposé une demande de liberté conditionnelle qui avait été rejetée à l’époque.
Comportement de pacha en prison
Il avait été reconnu coupable du meurtre du petit Philippe Bertrand, enlevé le 31 janvier 1976 à la sortie de l’école de Pont-Sainte-Marie, près de Troyes, contre une demande de rançon. Le jeune VRP avait ensuite étranglé le petit garçon, avant de cacher son corps sous le lit d’une chambre d’hôtel. Gardé une première fois à vue puis relâché, il avait expliqué à la presse qu’il faudrait tuer les assassins d’enfants.
Ce crime crapuleux et cynique avait provoqué en France une émotion et une polémique considérables.
Glacial pendant son procès, l’accusé n’avait sauvé sa tête que grâce à la plaidoirie historique de l’avocat Robert Badinter, ardent opposant à la peine de mort et qui obtiendra en 1981 son abolition en tant que garde des Sceaux de François Mitterrand.
Aux jurés de la cour d’assises de l’Aube qui avaient décidé de l’épargner, le jeune homme blond à grosses lunettes avait lancé : « Vous n’aurez pas à le regretter ! ».
Patrick Henry, qui avait abandonné l’école en 5e avant de s’orienter vers un CAP de cuisine, a obtenu en prison son bac scientifique par correspondance, puis une licence de mathématiques et un DUT d’informatique. Il se disait convaincu que s’il avait reçu plus tôt une culture générale, il n’aurait pas été un assassin.
Ses codétenus se rappelaient, eux, un homme détesté pour son crime, au comportement de pacha dont le centre de détention de Caen était le royaume. Il a d’ailleurs aussi été condamné en prison en 1989 pour trafic de drogue.
Le Quotidien/AFP