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France : Emmanuel Macron a annoncé sa candidature à la présidentielle


"Je suis candidat à la présidence de la République", a déclaré Emmanuel Macron ce mercredi 16 novembre à Bobigny. (photo AFP)

C’est la fin d’un faux suspense de plusieurs semaines: l’ancien ministre de l’Economie Emmanuel Macron a annoncé mercredi à Bobigny sa candidature à l’élection présidentielle, contre « le système » pour promouvoir une « révolution démocratique ».

Dans une déclaration solennelle d’une quinzaine de minutes, M. Macron, 38 ans, a souligné « l’opportunité » offerte par l’élection présidentielle « pour choisir d’avancer ».

« Ce combat que nous devons livrer, pour faire réussir notre pays, il commencera en mai 2017 », a-t-il poursuivi. « Pour le mener, la responsabilité du président de la République est immense et j’en suis pleinement conscient (…) C’est pourquoi je suis candidat à la présidence de la République. »

Le fondateur d’En marche!, qui a toujours revendiqué son anticonformisme et sa liberté jusqu’à sortir avec fracas du gouvernement fin août, avait choisi un décor déroutant pour se lancer: un atelier mécanique d’un centre de formation. Une symbolique forte pour celui qui a encore martelé « refuser » le système, en-dehors de la logique des partis.

Contre la fatalité d’une France « bloquée par les corporatismes de tous ordres », « en déclin », persuadée que « le pire est à venir », l’ancien banquier d’affaires s’est dit « convaincu que notre pays a la force, le ressort, l’envie d’avancer. »

« Nous sommes entrés dans une ère nouvelle: la mondialisation, le numérique, le changement climatique, les inégalités croissantes, les conflits géopolitiques, le terrorisme, la crise démocratique des sociétés occidentales, le doute qui s’installe au coeur de nos sociétés », a-t-il égrené. « Ce sont les symptômes d’un monde en plein bouleversement. Cette grande transformation que sommes en train de vivre, nous ne pouvons y répondre avec les mêmes hommes et les mêmes idées, parce qu’elle vient encore décupler nos faiblesses ».

En réaction, M. Macron, sous les yeux de son épouse Brigitte, a dit vouloir « une France qui croit en ses chances, qui risque, qui espère (…) une France entreprenante où chacun choisit sa vie. Et une France qui considère les plus faibles. »

Affirmant placer sa candidature « sous le signe de l’espérance », M. Macron, un brin grandiloquent, « en appelle aujourd’hui à toutes les femmes et les hommes de bonne volonté, à toutes celles et eux qui croient à la réconciliation de la liberté et du progrès, à toutes celles et ceux qui ne veulent pas guetter dans la pénombre lueur d’espérance mais veulent l’incarner ».

Le plus dur reste à venir

Désormais lancé, M. Macron, dont le mouvement revendique quelque 100.000 adhérents gratuits, fait face au plus dur.

Dans les prochains mois, il devra partir à la chasse aux 500 parrainages requis et intensifier sa recherche de dons, alors qu’il a récolté pour l’heure 2,8 millions d’euros, loin des 9 millions visés.

Et s’il n’a pas fixé comme enjeu de « rassembler la gauche » ou « rassembler la droite », mais plutôt de « rassembler les Français », il devra affronter le feu roulant des critiques. Celui-ci a sans surprise été nourri ces dernières heures, de tous côtés.

Il faut « une expérience qui a été éprouvée par le temps » pour gouverner et « refuser les aventures individuelles », a déclaré dans la foulée le Premier ministre Manuel Valls.

« L’enjeu (pour 2017), c’est le rassemblement, c’est la cohésion », la gauche ne pouvant pas être au « rendez-vous » de la présidentielle « si elle n’est pas rassemblée », avait prévenu mercredi soir François Hollande, qui doit dire d’ici un mois s’il brigue un nouveau mandat en dépit de ses mauvais sondages.

« C’est très embêtant », a constaté le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, redoutant une élimination de la gauche dès le premier tour si elle part fragmentée à la présidentielle.

A droite, le favori de la primaire Alain Juppé a invité à « ne pas être naïf » face à un candidat qui se présente en « chevalier blanc » alors qu’il « a totalement cautionné la politique économique menée depuis 2012 ».

De fait, le maire de Bordeaux a toutes les raisons de « se méfier » de M. Macron, déterminé à mordre sur son électorat.

Engagé dans la primaire organisée par le PS, Arnaud Montebourg dénigre « le candidat des médias », qui doit encore « démontrer qu’il a des propositions pour transformer le pays », quand Marine Le Pen y voit, elle, le « candidat des banques ».

Le Quotidien / AFP