Emmanuel Macron, qui a placé l’économie au cœur de son programme présidentiel, a annoncé une série de réformes touchant aux finances publiques et aux entreprises. Les principaux chantiers du quinquennat et leur calendrier.
Pour Emmanuel Macron, la crédibilité de la France auprès de ses partenaires européens est une priorité. Il s’est engagé à ramener le déficit public sous la barre des 3% du produit intérieur brut (PIB) dès 2017, conformément aux engagements pris par François Hollande.
L’ancien ministre de l’Economie, qui a annoncé un plan d’investissement de 50 milliards d’euros sur cinq ans, devra faire preuve de prudence. Il ne prévoit pas de budget rectificatif avant l’automne. « On ne fera pas de feu de joie pendant l’été », a prévenu son entourage.
Cette ligne budgétaire sera poursuivie jusqu’en 2022, Emmanuel Macron ayant promis de ramener le déficit à 1% du PIB et la dette à 93,2% du PIB (contre 96% actuellement) d’ici la fin du quinquennat. Il prévoit une baisse des dépenses publiques de 60 milliards.
Pour rendre les entreprises plus compétitives, Emmanuel Macron, qui a promis de simplifier leurs obligations administratives, veut ramener le taux de l’impôt sur les sociétés de 33,3% à 25%, de façon progressive d’ici à 2022.
Point sensible de son programme, il entend « simplifier » par ordonnances le droit du travail en donnant la priorité à l’accord d’entreprise pour fixer la durée du travail, et en encadrant le montant des dommages et intérêts accordés par les prud’hommes pour licenciement.
Il s’est engagé à transformer dès 2018 le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) en allègement de charges pérenne, de dix points pour les salaires au niveau du SMIC et de six points sur les salaires allant jusqu’à 2,5 Smic.
Il propose d’augmenter le pouvoir d’achat avec la suppression de toutes les cotisations chômage et maladie payées par les salariés, qui serait compensée par une hausse de 1,7 point de la Contribution sociale généralisée (CSG) – mettant ainsi à contribution la majorité des retraités.
Le président élu a prévu une exonération de la taxe d’habitation pour 80% des foyers. Le coût de cette mesure est estimé à 10 milliards d’euros. La réforme doit se faire de façon progressive, avec un premier palier en 2018 et deux autres étapes en 2019 et 2020.
Pour soutenir les entreprises, M. Macron a prévu de transformer l’impôt sur la fortune (ISF) en impôt sur « la rente immobilière », excluant le patrimoine mobilier.
Emmanuel Macron devra décider rapidement du sort du prélèvement à la source. Il souhaite expérimenter la mesure pendant un an avant de la valider, mais cette proposition se heurte à des contraintes techniques.
Le nouveau président va hériter du feuilleton de la restructuration du nucléaire français, en particulier le plan de sauvetage d’Areva sur fonds publics.
Parmi les dossiers sociaux, figure le distributeur textile Vivarte (André, Naf Naf..), engagé dans un vaste plan de restructuration. Mais aussi l’usine Whirlpool d’Amiens, dont la production sera délocalisée en juin 2018 en Pologne. Les repreneurs potentiels ont jusqu’au 2 juin pour déposer leur offre.
Emmanuel Macron a proposé d’organiser « dès l’été » un « Grenelle de l’alimentation » pour redonner de la valeur aux produits agricoles, dans un contexte de crise profonde du monde rural: la moitié des agriculteurs gagne moins de 350 euros par mois, et les faillites augmentent.
Il prévoit de lancer un plan de transformation agricole de cinq milliards d’euros sur cinq ans pour moderniser les exploitations ayant un impact positif sur l’environnement, et développer les circuits-courts. Il aura aussi à préciser dès cet été la position de la France, la future PAC devant être renégociée d’ici 2020.
Emmanuel Macron, qui prévoit de consacrer à cet enjeu 15 milliards d’euros sur cinq ans, a promis de fermer les centrales à charbon, doubler les capacités de l’éolien et du solaire, et rénover un million de logements mal isolés grâce notamment au versement d’une prime au début des travaux.
Sur le nucléaire, il soutient la fermeture de la centrale de Fessenheim, et l’objectif d’une baisse de la part du nucléaire à 50% de la consommation d’électricité, mais s’en remet à l’Autorité de sûreté nucléaire pour le devenir de chaque réacteur.
Une prime de 1.000 euros pour l’achat d’un véhicule propre neuf ou d’occasion sera mise en place, et l’alignement de la fiscalité du diesel sur celle de l’essence sera achevé en 2022.
Le Quotidien /AFP